Des funérailles nationales sous haute tension pour inhumer le président Haïtien. Le mystère de l’assassinat de Jovenel Moïse reste entier.
Jovenel Moïse inhumé, le Premier ministre promet de rendre justice
Ce vendredi, sur le terrain de sa résidence privée, à Cap-Haïtien, est arrivé dans la matinée le cercueil de M. Moïse, assassiné dans des circonstances non entièrement élucidées le 7 juillet à sa résidence de Pétion-Ville.
La dépouille du défunt chef d’Etat avait été exposée sur une esplanade ornée de fleurs. Avant la cérémonie religieuse, dirigée par cinq prêtres, un bataillon a rendu les honneurs militaires à l’homme de 53 ans, avec notamment l’hymne présidentiel, suivi de l’hymne national.
Les obsèques ont eu lieu dans la ville de Cap-Haïtien, en présence de la veuve du chef d’État mais aussi de plusieurs délégations étrangères et de membres du gouvernement.
La veuve du président, Martine Moïse, gravement blessée dans l’attaque, le bras en écharpe après avoir été soignée dans un hôpital de Floride, a tenu à rendre un dernier hommage à son époux.
Sur le papier, les auteurs de l’attaque ont été arrêtés, affirment les autorités publiques : vingt-trois hommes, parmi lesquels dix-huit anciens militaires colombiens, trois Haïtiens et deux binationaux haïtiano-américains. Sept mandats d’arrêt ont également été émis selon la police, dix maisons fouillées, une trentaine d’interrogatoires menés, quatre hauts responsables de la sécurité de Jovenel Moïse placés à l’isolement et vingt-quatre agents frappés de mesures conservatoires.
Trois autres Colombiens ont été tués dans les heures qui ont suivi le meurtre. Cinq seraient en fuite. Selon le juge de paix de Pétion-Ville, le quartier de la résidence privée du président, venu constater le décès, Jovenel Moïse a reçu douze balles dans le corps. Plusieurs de ses membres ont été fracturés dans les instants qui ont précédé son décès et un œil énucléé.
La douleur de Martine Moïse
Martine Moïse, 47 ans, a été accueillie samedi par le premier ministre par intérim, Claude Joseph. Celui-ci a promis de rendre justice à son époux, dont la mort a agravé le chaos dans ce pays des Antilles, gangrené par la violence et la misère.
Dans un message audio diffusé peu de temps après le drame, Martine Moïse avait promis de poursuivre « la bataille » de son époux, dont la dérive autoritaire avait pourtant été critiquée.
Plus récemment, elle avait posté des images d’elle sur son lit d’hôpital, et remercié les « anges gardiens » qui l’ont aidée « à tenir bon » après l’assassinat. Des riverains ont érigé, jeudi, des barricades sur les routes nationales qui mènent au Cap-Haïtien afin, disent-ils, d’empêcher aux gens de Port-au-Prince de venir assister aux funérailles.
À Port-au-Prince, plusieurs cérémonies d’hommage distinctes ont aussi été organisées cette semaine à la mémoire du président assassiné.
Le président américain Joe Biden a de son côté annoncé vendredi l’envoi en Haïti d’une délégation menée par Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU.