Dix ans après l’indépendance, le Soudan du Sud célèbre un sombre anniversaire sous son président Riek Machar. Le Pape François encourage les autorités.
Soudan du Sud: sombre anniversaire des dix ans de l’indépendance
Un encouragement œcuménique à l’occasion du 10e anniversaire d’indépendance du Soudan du Sud.
Le président sud-soudanais Riek Machar s’adressera ce vendredi à l’occasion de la décennie d’indépendance de son pays, qui continue de souffrir de violence, de corruption et d’urgence humanitaire.
Un message signé conjointement par le Pape François, Justin Welby, archevêque de Canterbury, et Jim Wallace, modérateur de l’Église d’Écosse, a été adressé aux autorités politiques sud-soudanaises.
“Le 10e anniversaire de l’indépendance du plus jeune État d’Afrique «vous rappelle vos luttes passées et vous permet d’envisager l’avenir avec espérance», écrivent le Pape François, Justin Welby et Jim Wallace.
Le Soudan du Sud est doté «d’un immense potentiel», et ses dirigeants sont encouragés «à faire des efforts toujours plus importants» pour permettre à la population «de profiter pleinement des fruits de l’indépendance»”, lie-t-on sur le site du Vatican.
Le pays n’a pas officiellement célébré son indépendance depuis 2014. Cette année, les autorités ont officiellement ordonné au public de célébrer en privé la journée du Covid-19. Le président Kiek a également imposé mercredi des sanctions internationales, affirmant qu’il “pauvrerait” le Soudan du Sud et lui volerait des revenus.
“C’est pourquoi nous ne célébrons pas le 10e anniversaire comme les gens le voulaient”, a-t-il déclaré dans une interview télévisée au Kenya. Il prononcera un discours vendredi matin et sera retransmis à la télévision et à la radio nationales. Le seul événement public prévu est une course de 10 km à Juba appelée « Great South Sudan Run ».
Le Pape François prône la réconciliation au Soudan du Sud
«La dernière fois que nous vous avons écrit à Noël, nous avons prié pour que vous fassiez l’expérience d’une plus grande confiance entre vous et que vous soyez plus généreux dans votre service à votre peuple», rappellent les auteurs.
«Quelques petits progrès», ont eu lieu depuis lors, mais la situation du pays demeure instable. «Malheureusement, votre peuple continue de vivre dans la peur et l’incertitude, et il n’a aucune confiance dans le fait que sa nation peut effectivement apporter « la justice, la liberté et la prospérité » célébrées dans votre hymne national», notent les responsables religieux.
«Il y a encore beaucoup à faire au Soudan du Sud pour façonner une nation qui reflète le Royaume de Dieu, où la dignité de tous est respectée et où tous sont réconciliés».
Le Soudan du Sud est officiellement devenu le 193e État au monde le 9 juillet 2011, après des décennies de conflit pour se libérer du nord du Soudan. Pourtant, la joie et l’espoir d’avaler la ville de Juba au soir de 2011 remontent à loin.
En décembre 2013, le pays est tombé dans une guerre civile sanglante, tuant plus de 380 000 personnes en cinq ans, évacuant environ quatre millions de personnes, soit un tiers de la population, et plongeant dans une grave crise humanitaire.
La faiblesse des institutions, la corruption omniprésente et une misère croissante ont notamment amené à l’explosion des violences interethniques et de la criminalité dans de nombreuses régions qui échappent à l’autorité de l’État.
Selon l’ONU, plus de 80% des victimes civiles recensées en 2021 ont été touchées par des violences intercommunautaires ou des actes de milices communautaires. Les stocks d’aide et les personnels humanitaires sont également visés: sept travailleurs humanitaires ont été tués cette année dans le pays.