Autrefois fierté de la commune du Plateau, également appelée cité administrative d’Abidjan, l’ immeuble La Pyramide n’est plus que l’ombre de lui-même. Ce joyau architectural, patrimoine de l’Etat, aurait même été vendu à un particulier depuis 2005.
Qui a bradé l’ immeuble La Pyramide du Plateau?
Bâtiment de douze étages et édifice public à usage de bureaux, magasins et habitations, l’immeuble La Pyramide situé en plein coeur du Plateau, a été construit dans les années 1970. Après avoir fait, pendant de longues années, la fierté du quartier des affaires, le bâtiment présente, depuis quelques années, des dysfonctionnements liés à d’importantes dégradations. Maintes fois annoncée par le gouvernement, la réhabilitation de ce patrimoine de l’Etat, tarde toujours à se faire. Le week-end dernier, un internaute qui voulait en savoir plus sur ce dossier, a questionné le ministre Bruno Nabagné Koné, en charge de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme. La réponse du membre du gouvernement a été sans équivoque.
« Ce bâtiment, comme d’autres biens de l’Etat, est immatriculé depuis 2005 au nom d’un privé », a confié Bruno Koné qui ajoutera qu’une procédure judiciaire est depuis lors en cours en vue de faire retourner l’immeuble au patrimoine de l’Etat. Aussi banals que ces échanges pouvaient paraître, ils ont vite fait de devenir une affaire d’Etat car depuis, la toile s’est enflammée; beaucoup s’interrogeant de savoir à quel moment ce bâtiment public a-t-il été vendu et par qui? Même si le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, demande de ne pas politiser le débat, pour le journaliste Ferro M. Bailly, proche de Laurent Gbagbo (au pouvoir à cette époque), cette affaire de cession illégale d’un patrimoine de l’État cache pourtant des zones d’ombre de nature à arroser l’arroseur.
Car, dit-il, de 2005 à 2010, le RDR (aujourd’hui RHDP, au pouvoir) détenait sept portefeuilles dans le gouvernement dit abusivement de réconciliation, dont celui de la Construction, de l’Habitat et de l’Urbanisme géré par Marcel Amon-Tanoh, militant du parti. « Ce responsable du RDR est resté dans l’Exécutif (directeur de cabinet d’Alassane Ouattara et ministre des Affaires étrangères) jusqu’à sa démission en 2020. Et ni rumeurs ni accusations de vente de La Pyramide à un privé (…) C’est à couper le souffle. Que s’est-il passé pour que « tout à coup, soudain et brusquement », selon l’humour des Ivoiriens, ce patrimoine de l’État change de statut, avec des procès dont personne n’a jamais entendu parler!? », s’interroge le journaliste. Dans tous les cas, dans une série de tweets ci-dessous, le ministre Bruno Koné tentera tant bien que mal d’expliquer la procédure. Quitte à chacun de faire son commentaire.