En Iran, le nouveau président ultraconservateur Ebrahim Raïssi qui occupait jusque-là le poste de chef de l’Autorité judiciaire, a passé la main à Gholamhossein Mohseni Ejeï qui vient d’être nommé à la tête de ce poste clé de la République islamique.
Iran: Gholamhossein, nouveau chef de l’Autorité judiciaire en remplacement de Ebrahim Raïssi
Le guide suprême iranien a annoncé jeudi nommer l’ancien ministre des Renseignements, Gholamhossein Mohseni Ejeï, à la tête de l’Autorité judiciaire, en remplacement du président élu Ebrahim Raïssi qui doit prendre ses fonctions début août.
Gholamhossein Mohseni Ejeï, né en 1956, dispose du titre de « hodjatoleslam », rang inférieur à l’ayatollah dans la hiérarchie cléricale chiite. Il a été Procureur général du pays puis est devenu en 2014 adjoint au chef de l’Autorité judiciaire, où il avait déjà travaillé.
« Avec vos pouvoirs juridiques, votre expertise précieuse, ainsi que votre grande connaissance et votre brillante expérience en matière judiciaire, je vous (M. Mohseni Ejeï) nomme chef de l’Autorité judiciaire », a déclaré le guide suprême Ali Khamenei dans un message publié sur son site.
Il a exhorté M. Mohseni Ejeï à lutter « avec détermination » contre la corruption. « Il faut absolument traiter plus sévèrement (…) les corrupteurs qui se trouvent au sein du système, dans l’appareil judiciaire et exécutif et d’autres administrations », avait affirmé Gholamhossein Mohseni Ejeï dont les propos sont rapportés par Mizan Online, l’agence officielle de l’Autorité judiciaire.
M. Khamenei a par ailleurs salué le bilan de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, nommé à ce poste en 2019. Ce dernier a remporté l’élection présidentielle du 18 juin, marquée par un taux d’abstention record pour un tel scrutin depuis l’avènement de la République islamique en 1979, récoltant près de 62% des votes après la disqualification de ses principaux adversaires.
M. Mohseni Ejeï s’est fait connaître en 1998, en étant juge lors du procès pour corruption de l’ancien maire réformiste de Téhéran, l’un des premiers procès emblématiques d’un haut responsable de la République islamique, très médiatisé.
Il a plus tard été nommé ministre des Renseignements, dans le premier gouvernement du président ultraconservateur et populiste Mahmoud Ahmadinejad, entre 2005 et 2009, avant d’être renvoyé.
Selon Mizan Online, Gholamhossein Mohseni Ejeï est né dans la province centrale d’Ispahan où il a étudié la religion avant de terminer ses études dans la ville sainte chiite de Qom. Il est aussi diplômé d’un master en droit international.
Il figure parmi huit responsables iraniens ajoutés en 2010 sur une liste américaine de personnalités frappées de sanctions pour de « graves violations des droits humains », lors de la contestation – sévèrement matée – de la réélection d’Ahmadinejad en 2009. L’Union européenne a gelé ses avoirs à l’étranger et prononcé une interdiction de voyager à son encontre.
Il est le septième chef de l’Autorité judiciaire depuis 1979, nommé pour un mandat de cinq ans renouvelable. Les Iraniens le connaissent, il était juge lors du retentissant procès pour corruption d’un ancien maire de Téhéran à la fin des années 1990.
On l’a ensuite vu ministre des Renseignements sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, et c’est à cette époque qu’il aurait participé à la violente répression des manifestations de 2009, ce qui lui vaut aujourd’hui de figurer sur des listes américaine et européenne de personnalités iraniennes visées par des sanctions, pour « violations des droits humains ».
Ebrahim Raïssi, un hodjatoleslam sans état d’âme
Né en novembre 1960 dans la ville sainte de Machhad (Nord-Est), M. Raïssi est nommé procureur général de Karaj, à côté de Téhéran, à seulement 20 ans, dans la foulée de la victoire de la Révolution islamique de 1979.
Il restera plus de trois décennies dans le système judiciaire: procureur général de Téhéran de 1989 à 1994, il est chef adjoint de l’Autorité judiciaire de 2004 à 2014, année de sa nomination au poste de procureur général du pays.
Le nouveau président élu iranien, Ebrahim Raïssi, est un homme austère qui se présente comme le champion des classes défavorisées et de la lutte contre la corruption
Chef de l’Autorité judiciaire, Ebrahim Raïssi, cet hodjatoleslam (rang inférieur à ayatollah dans le clergé chiite) de 60 ans, ultraconservateur et sans états d’âme, est un partisan assumé de l’ordre.
Ayant promis une « lutte incessante contre la pauvreté et la corruption », il a été élu avec plus de 62% des voix au premier tour de la présidentielle vendredi, pour succéder, en août, au modéré Hassan Rohani, selon des résultats quasi définitifs.
C’était sa deuxième participation à une présidentielle. En 2017, il avait échoué avec 38% des voix face à M. Rohani, réélu au premier tour.
M. Raïssi, barbe poivre et sel et fines lunettes, a suivi les cours de religion et de jurisprudence islamique de l’ayatollah Khamenei. Selon sa biographie officielle, il enseigne lui-même depuis 2018 dans un séminaire chiite de Machhad. Plusieurs médias iraniens voient en lui le possible successeur du Guide suprême âgé de 82 ans cette année.