Dix mois après la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta et la mise en place d’une transition militaro-civil de 18 mois dans le pays, le Mali s’achemine vers une prolongation.
Mali: Menace sur les élections présidentielles et législatives de février 2022
L’Union africaine et plusieurs organisations ont suspendu le Mali, où la junte militaire a mené son deuxième coup d’Etat en neuf mois. Parmi les conditions pour que le pays retrouve sa place au sein de l’institution sous-régionale, il y a le respect de la durée de la transition, c’est -à -dire des élections présidentielles et législatives fin février 2022. Chose improbable pour certains maliens.
Prévue pour durer 18 mois, cette période transitoire fait débat alors que le pays fait face à d’importants défis sécuritaires ou économiques. C’est surtout sur le front social que les Maliens manifestent leur mécontentement.
En effet, révèle Rfi, dans une garnison située près de Bamako où généralement rien ne se fait sans les militaires, devant plusieurs centaines de femmes et enfants, Bakayoko Mariam Coulibaly, présidente du Collectif de femmes leaders de la localité, a demandé le prolongement de la durée de la transition :
« Nous, femmes leaders, avons pris l’engagement et ce n’est autre que le prolongement de la transition, le prolongement de la durée de la transition afin d’assurer aux Maliens des élections crédibles ».
Selon le média, son intervention est diffusée ensuite à la télévision nationale, ce qui a provoqué un grincement de dents chez des hommes politiques maliens qui soupçonnent une manœuvre de pouvoir. Mais profitant d’une visite à Bamako du président de la Guinée-Bissau, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta a précisé sur le sujet : « Conformément à nos engagements tenus lors du sommet de la Cédéao qui concernent la tenue des élections à la date prévue, des instructions ont été transmises au Premier ministre de veiller sur ces différents aspects ».
« La communauté internationale n’a pas du tout su peser sur la situation, elle a perdu la main (..) Dans ce contexte, il paraissait compliqué qu’elle puisse avoir une position assez tranchée sur le Mali », estime pour sa part Bokar Sangaré, chercheur et rédacteur en chef du site d’informations malien Benbere, à Voa.
Plusieurs mois après le début de la transition, le mécontentement social continue de s’exprimer à travers des manifestations contre la cherté de la vie et les coupures d’électricité.
L’Union nationale des travailleurs du Mali lance pour sa part régulièrement des mots d’ordre de grève pour exiger des autorités de transition, l’harmonisation des grilles salariales ou encore l’octroi des primes et indemnités aux agents de l’Etat.
La menace Djihadiste
Emmanuel Macron a menacé récemment de retirer son contingent de 5.100 hommes déployés depuis 2013 si la junte se montrait conciliante avec les djihadistes, une mise en garde avant la désignation d’un Premier ministre. La question d’un retrait français « se pose et nous ne sommes pas destinés à rester ici pour toujours », a estimé le président français.
En raison de leur incapacité, malgré le soutien français, à les éliminer militairement, les colonels se sont dits ouverts au dialogue avec certains djihadistes. Et le chef de gouvernement nommé mardi soir, Choguel Kokalla Maïga, est considéré comme ayant des rapports étroits avec l’influent imam conservateur Mahmoud Dicko, également favorable à un tel dialogue.