Guillaume Soro et dix-neuf de ses coaccusés étaient appelés à comparaître devant le tribunal criminel d’Abidjan. Pour Herman J. Cohen, ce procès discrédite totalement le pouvoir d’Alassane Ouattara.
Le procès Soro, synonyme de « descente du président Ouattara dans un autoritarisme paranoïaque », selon HJ Cohen
Guillaume Soro est déjà sous le coup d’une condamnation par contumace à 20 ans de prison pour « recel de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux ». L’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, en exil quelque part en Europe après son retour manqué à Abidjan, le 23 décembre 2019, n’a pas le temps de souffler que la justice ivoirienne lui adresse une nouvelle citation à comparaître.
Dans son avis d’audience datant du 3 mai 2021, le Procureur de la République, Adou Richard, appelle Guillaume Soro, Alain Lobognon, Affoussiata Bamba Lamine, Souleymane Kamaraté Koné dit Soul to Soul, Touré Moussa et quinze autres proches de l’ancien chef des Forces nouvelles (FN, ex-rébellion) à comparaître le mercredi 19 mai 2021 à 13 heures, pour « Complot contre la sûreté de l’État, participation à une bande armée sans y exercer aucun commandement, détention sans autorisation d’armes à feu de la première catégorie, et d’actes et manoeuvres de nature à compromettre la sécurité de l’État.
Malgré l’absence de Soro Kigbafori Guillaume pour les raisons ci-dessus évoquées, ses autres compagnons de Générations et peuples solidaires (GPS) étaient bel et bien dans le box des accusés. La requête de mise en liberté provisoire introduite par les avocats de la défense a été rejetée par le juge en charge du dossier.
Pour Herman J. Cohen, ancien sous-secrétaire aux Affaires africaines, ce procès constitue à n’en point douter, une balle que le Président Alassane Ouattara et son pouvoir sont en train de se tirer dans le pied. « En Côte d’Ivoire, le procès par contumace pour prétendu coup d’État de Guillaume Soro est un parfait exemple de la descente du président Ouattara dans un autoritarisme paranoïaque », a tweeté l’ex-diplomate américain.
La réplique à cette sortie du diplomate ne s’est pas fait attendre. « Soro était un chef rebelle avant. Avez-vous quelque chose de classifié qui prouve son innocence, ou vous êtes simplement mécontent du président que vous avez soutenu en 2010 ? En outre, Soro a une représentation juridique au tribunal », a réagi un internaute en commentaire à ce tweet.
À noter que l’audience a toutefois été rejetée à la date du 26 mai prochain. N’empêche que de nombreuses voix ne cessent de s’élever pour dénoncer une justice aux ordres du pouvoir d’Abidjan.
In Côte d’Ivoire, the trial in absentia for alleged coup plotting of Guillaume Soro is a perfect example of President Ouattara’s descent into paranoid authoritarianism.
— Herman J. Cohen (@CohenOnAfrica) May 21, 2021