Dr Albert Mabri Toikeusse (ATM), président de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), s’est prononcé sur l’actualité socio-politique dans une interview exclusive accordée, jeudi 20 mai 2021, à l’hebdomadaire L’Arc-en-ciel.
Mabri Toikeusse candidat aux prochaines élections régionales
Après son retrait du RHDP, le parti unifié, puis le boycott du dernier scrutin présidentiel d’octobre 2020, ATM est apparu plus frais et revigoré dans un entretien, rendu public jeudi. Le président du Conseil régional du Tonkpi est notamment revenu sur son départ de la mouvance présidentielle, le Rhdp d’Alassane Ouattara.
Ci-dessous, un extrait de son échange avec nos confrères de L’Arc-en-ciel.
Après les soubresauts que vous avez vécus au lendemain du boycott actif, comment avez-vous préparé les élections législatives qui vous ont donné 8 députés ?
Vous savez les difficultés que nous avons traversées. Un déni de démocratie dont nous avons été victimes. J’en suis très heureux. On peut dire que c’est une satisfaction.
Qu’est-ce qui explique le retour en force de l’Udpci après avoir perdu plusieurs circonscriptions de son bastion aux législatives de 2016 ?
Vous savez que les législatives de 2016 se sont passées dans une atmosphère d’incompréhension au Rhdp quand on y était. Evidemment ce choc n’a pas été bien géré.
Nous avons répondu présents, peut-être, dans des conditions qui ne nous permettaient pas de gagner. Il y a eu aussi des incompréhensions avec les parents. Mais nous avons tiré des leçons de tout cela et malgré le délai très court de mon retour d’exil à la tenue des dernières législatives, nous avons gagné dans presque toutes les circonscriptions du Tonkpi. Car nous nous sommes bien compris cette fois-ci. Je suis heureux de cette entente parfaite qui a conduit à ces victoires au niveau de l’Udpci.
L’Udpci et vous irez donc unis et en conquérant pour les élections municipales et régionales à venir ?
Nous attendons de voir sous quels angles nous allons aborder les élections régionales, mais je pense qu’il n’y aura pas de souci au regard des échéances passées.On est en phase avec les parents qui veulent que nous continuions. Donc je ferai acte de candidature. Pour les municipales, il y a eu des difficultés à la dernière échéance puisque nous avons perdu dans des circonscriptions. Nous ferons en sorte qu’aux prochaines élections municipales, nous puissions récupérer les communes que nous avons perdues et surtout chercher à en gagner d’autres ailleurs en dehors du Tonkpi.
Qu’est-ce qui n’a pas marché aux législatives de 2021 pour qu’après avoir imposé votre suprématie dans le Tonkpi vous baissiez pavillon ailleurs?
C’est exactement ce que je disais. Il y a eu un déficit de communication avec nos parents. Par contre avec les militants ailleurs, le travail avait été fait sans tenir compte de bastions traditionnels. Et c’est ce travail qui a payé. Nous avons accompagné des jeunes gens qui se sont bien préparés et bien battus. Un travail de fond qui a duré deux à trois ans. Pour d’autres, cela a duré plus d’une législature. Nous avons notamment accompagné le Secrétaire général du parti qui était candidat à Attécoubé. C’était des défis, c’est justement pour ces candidatures et celle de la commune de Man que nous avons démissionné de la conférence du Rhdp parce qu’on me refusait de présenter ces candidatures. Moi-même, je me suis rendu à Dimbokro,à Divo et à Attécoubé pour faire campagne. Dieu merci, cela a compensé un peu les difficultés que nous avons notées au niveau du Tonkpi. Permettant ainsi au parti de se maintenir.
Peut-on dire que le processus de réconciliation est véritablement en marche avec les récentes élections législatives apaisées et la libération de certains leaders et militants arrêtés après le boycott actif de la présidentielle d’octobre 2020 ?
La réconciliation des ivoiriens, je l’espère qu’elle va reprendre son envol. Il y a eu de nombreux chantiers ouverts au niveau de la Côte d’Ivoire: La Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (Conariv) , la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr), etc. Nous-même en tant que membre du gouvernement avions créé le Programme national de cohésion sociale devenu par la suite un ministère. L’indemnisation des victimes a été créée. Beaucoup a été fait qui n’apporte pas encore des résultats satisfaisants. Ça a l’air d’un chantier qui reste encore intact. Il faut en faire une volonté politique affichée notamment au niveau du président de la République, du gouvernement et une adhésion de nos concitoyens et de toutes les forces vives de la nation. La réconciliation s’impose à nous tous. Sans elle, il n’y aura pas de développement ni de progrès durable. Il nous faut nous rassembler autour du projet Côte d’Ivoire. Un pays cher à nous qu’il faut protéger, défendre et le préparer pour les générations futures. Cela nous invite à faire preuve de dépassement de soi et d’amour pour la nation. Le retour du président Laurent Gbagbo va y contribuer car les attentes sont fortes à ce niveau. Mais aussi la libération de tous les prisonniers et le retour des exilés. Je souhaite ardemment que le Président Alassane Ouattara agisse vite pour que le retour de Laurent Gbagbo se fasse dans les meilleures conditions.
Comment expliquez-vous l’absence de l’Udpci dans le nouveau bureau de l’Assemblée nationale?
Nous avons noté le viol de la constitution et du règlement de l’Assemblée nationale à l’occasion de la mise en place du bureau de l’Assemblée nationale. L’article 100 de la constitution ivoirienne consacre à l’Udpci sa place dans tous les organes de cette assemblée puisque nous y avons un groupe parlementaire. Le bureau de l’Assemblée nationale étant l’organe de direction, toutes les sensibilités politiques doivent y être représentées. Nous n’avons pas compris pourquoi nous y avons été exclus. Nous avons protesté et nous n’avons pas été suivis par le président Amadou Soumahoro. C’est déplorable pour notre démocratie. L’Udpci a donc pris acte de cette réalité ivoirienne et nous poursuivons notre chemin.