L’utilisation des fonds issus du Contrat de désendettement et de développement (C2D) constitue une véritable pomme de discorde entre Paris et Abidjan. Alassane Ouattara, en France à la faveur du Sommet sur le financement des économies africaines, profitera de sa visite à l’Élysée, pour évoquer la question avec Emmanuel Macron.
Alassane Ouattara et Emmanuel Macron tenteront d’accorder leurs violons sur le C2D
Au nombre des personnalités triées sur le volet, Alassane Ouattara assistera, au palais de l’Élysée, ce vendredi 21 mai, à la cérémonie de décoration du Fonds monétaire international (FMI) à l’endroit de Michel Camdessus, ancien Directeur général de l’institution monétaire. Ancien Directeur Afrique du FMI, alors que le Français était aux affaires, le président ivoirien tiendra une bonne place lors de ladite cérémonie, d’autant plus qu’il y a été invité par le Président Macron himself.
Mais en marge de cette distinction, le chef d’État ivoirien a une préoccupation particulière. Il s’agit de sa divergence de point de vue avec les autorités françaises à propos de l’orientation de la manne financière à percevoir dans le cadre du troisième Contrat de désendettement et de développement (C2D).
Il avait en effet été question, lors du passage de Bruno Le Maire dans la capitale économique ivoirienne, de trouver avec les autorités ivoiriennes un modus vivendi autour des 1 125 millions d’euros, environ 751 milliards de FCFA. Une délégation de hauts cadres du Quai d’Orsay et du Trésor français avait par ailleurs séjourné à Abidjan, dans la foulée de la visite du ministre français de l’Économie et des Finances, pour la poursuite desdites négociations.
Le point de désaccord entre les parties ivoirienne et française se situant sur l’orientation de cette cagnotte. À en croire le confrère Africa Intelligence, le Président Ouattara entend « utiliser un tiers du C2D pour faire de l’appui budgétaire et les deux autres tiers pour financer le métro d’Abidjan ainsi que d’autres projets ». Les autorités françaises qui entendent veiller à ce que ces fonds servent effectivement à des projets qu’elles auront validés préalablement, condition sine qua non de l’octroi de ce fonds, ont cependant refusé que le C2D puisse être utilisé pour faire de l’appui budgétaire.
C’est bien ce noeud gordien qu’Alassane Ouattara et Emmanuel Macron tenteront de dénouer en marge de cette cérémonie de décoration. Abidjan croise donc les doigts afin de profiter de cette manne dans cette crise sanitaire qui a quelque peu plombé l’économie ivoirienne, qui était pourtant sur une pente ascendante.