Une nouvelle ère s’ouvre sur la Confédération africaine de football (CAF), depuis le 12 mars à Rabat avec l’élection de son président, Patrice Motsepe, un milliardaire sudafricain imposé par Gianni Infantino, le tout-puissant patron de la FIFA. Genèse et perspective du nouvel homme fort du football africain.
La CAF sous Patrice Motsepe et Gianni Infantino
Sur un effectif de cinq à viser la présidence de la Confédération africaine de football, Gianni Infantino a noircir les signaux du jeu democratique pour opter en faveur du bon vieux système du candidat unique, qui a fait le bonheur de tant de chefs d’États africains.
« Ces quatre messieurs, ici devant vous, je veux les féliciter un par un. Félicitations, Jacques, bravo. Félicitations, Augustin, bravo. Félicitations, Ahmed, mabrouk. Congratulations, Patrice. Ces quatre messieurs ont rendu l’impossible possible. Ils ont montré, ils ont démontré qu’il était possible de faire équipe derrière un projet, derrière un programme, derrière une vision, qui est la vision de projeter, de propulser le football africain au sommet mondial », annonçait-il les couleurs le 6 mars lors d’une cérémonie exceptionnelle organisée par la CAF au Palais des Congrès de Nouakchott, en marge de la finale de la CAN des moins de 20 ans, remportée par le Ghana.
Le pacte de Nouacotch en Mauritanie
Le message big boss du football mondial, était tout limpide comme l’eau de roche.
Patrice Motsepe sera donc candidat unique lors de l’élection à la présidence de la CAF. Le Mauritanien Ahmed Yahya, l’Ivoirien Jacques Anouma ainsi que le Sénégalais Augustin Senghor, sont contraints d’abandonner la course au profit
Au soir du vendredi 12 mars à Rabat au Maroc, Patrice Motsepe est désigné, sans surprise, successeur de Ahmad Ahmad, à la tête de la CAF. Il est élu, pépère, avec un score à la nord-coréenne.
Une décision qui a été critiquée par certains acteurs du football africain, parmi lesquels Musa Bility. L’ancien membre du comité exécutif de la CAF s’en est pris à Gianni Infantino dans un communiqué, qu’il a comparé à l’ancien roi des Belges Léopold II, qui a été « le dirigeant et propriétaire absolu du Congo de 1885 à 1908 ».
L’adieu à Ahmad Ahmad
L’après Issa Hayatou n’aura pas été de tout repos pour le président Ahmad Ahmad. Après 30 années de présidence Hayatou, le football africain s’attendait à un renouveau sous l’ancien président de la Caf. Que non.
Le 19 novembre 2020, Ahmad Ahmad est condamné à cinq ans de suspension de toute activité relative au football, nationale ou internationale, assorti de 200 000 francs suisses (185 000 euros) d’amende pour des faits de corruption. Empêchant le malgache de briguer un second mandat à la tête de la CAF. Le 8 mars, le Tribunal arbitral du sport (TAS) réduit la peine à deux ans et à 50 000 Francs suisses (45 000 euros) d’amende. Il est reconnu coupable d’« acceptation et distribution de cadeaux et autres avantages » et d’« abus de pouvoir » (articles 20 et 25 du code déontologique de la Fifa) ainsi que de « détournement de fonds » – (article 28 du code d’éthique de la Fifa).
Malgré cette décision du Tribunal arbitral du sport, Ahmad ne sera pas autorisé à être candidat.
Il y a quatre ans, à Addis-Abeba, Ahmad avait battu le Camerounais Issa Hayatou, en poste depuis 1988, avec (déjà) l’appui d’Infantino et du Maroc, avant d’échapper totalement au contrôle de l’Italo-Suisse.
CAF: Business et/ou révolution du football africain
Troisième fortune d’Afrique du Sud, Patrice Motsepe, président du club de Mamelodi, Sundowns, arrive à la tête de la CAF dans un contexte marqué par des affaires de corruption au sein de l’instance africaine du football. Mais surtout beaucoup de défis à relever: Professionnalisation du football africain, amélioration de l’image de l’institution, modernisation des infrastructures, réforme de la CAN… Les défis du nouveau président de la Confédération africaine de football sont nombreux. Plus encore lourds pour un novice de la CAF.
Sublimé par le nouveau dirigeant, Gianni Infantino s’est offert une grande tournée en Afrique (Maroc, Congo-Brazzaville, Bénin, Rwanda, Sénégal, Mauritanie, République démocratique du Congo, Mali). Objectif, avoir l’onction des présidents de fédération et chefs de gouvernement africains pour réussir la mission de Motsepe, très peu connu sur le continent.
En échange de son soutien, il se murmure qu’Infantino aurait notamment promis au milliardaire d’inclure son club de Mamelodi Sundowns dans la liste des participants à la très lucrative Ligue africaine, un des projets de la Fifa réunissant les vingt meilleurs clubs du continent. Selon les estimations d’Infantino, cette compétition pourrait générer 200 millions de revenus. »
De son côté, Motsepe serait prêt à réfléchir à une CAN tous les quatre ans, au lieu de deux actuellement, comme le souhaite le président de la Fifa. S’agissant de la Coupe du monde de la FIFA, le nouveau patron du football africain estime qu’il est temps pour l’Afrique d’inscrire son nom dans le palmarès.
Le deal entre les deux personnalités du football va encore plus loin. Le milliardaire annonce une enveloppe de 1 milliard de dollars pour la construction de stades sur le continent africain.
Championnat panafricain interscolaire de football (CAF-FIFA)
C’est depuis Abidjan en Côte d’Ivoire que le président de la Confédération africaine de football va, comme prévu, annoncer la création d’un championnat panafricain interscolaire de football en collaboration avec la FIFA. Et le milliardaire sud-africain va financer cette initiative de sa poche, en effectuant un don de 10 millions de dollars soit 5 milliards de FCFA à travers sa fondation basée à johannesburg.
Ce fonds servira à développer le football scolaire dans les six zones de la CAF à travers l’organisation de ce Championnat panafricain interscolaire de football CAF-FIFA.
« Le meilleur investissement que nous pouvons faire afin que le football soit parmi les meilleurs au monde et qu’il soit autonome, est d’investir dans les infrastructures de développement du football des jeunes ainsi que dans les installations pour les garçons et les filles dans les écoles, les clubs et au niveau national», a estimé M. Motsepe.
Au-delà des doux chantiers faramineux, le mielleux mariage CAF-FIFA, cache une pernicieuses ambition: Celle pour le président de la FIFA, cordialement détesté en Europe et en Amérique du Sud, de recueillir des voix africaines pour se faire réélire en 2023.