Pour Issiaka Diaby, pas question de laisser Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé libres à leur retour en Côte d’Ivoire. Le Président du Collectif des victimes estime que la décision de justice ivoirienne revêt une autorité exécutoire. Quitte à l’ancien président ivoirien et à l’ancien leader de la galaxie patriotique d’exercer des voies de recours pour leur mise en liberté.
Issiaka Diaby : « Il ne peut y avoir de réconciliation sans justice »
Gbagbo Laurent et Blé Goudé Charles ont été définitivement acquittés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité devant la Cour pénale internationale (CPI). À la suite de la décision rendue par la Chambre d’appel de cette Cour de La Haye, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a clairement indiqué que ses deux compatriotes sont libres de rentrer au pays quand ils le souhaitent.
La délivrance des passeports, ordinaire et diplomatique, et la prise en charge des frais de transport de l’ancien chef d’État et ceux de sa famille sont autant d’actes du pouvoir ivoirien qui atteste de son quitus à cet acte de décrispation politique. Les tractations sont par ailleurs en cours entre le gouvernement ivoirien et les émissaires de Gbagbo et Blé Goudé pour trouver des modalités à ce voyage de retour.
Cependant, un son discordant vient de transpercer le paysage politique. Il s’agit de celui d’Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI) qui soutient mordicus que Gbagbo Laurent et Charles Blé Goudé doivent nécessairement passer par la case prison dès leur retour à Abidjan.
« Il faut les arrêter parce qu’une décision du juge dans un État de droit s’exécute. Si vous n’êtes pas d’accord avec la décision, vous avez des voies de recours, comme le procureur l’a fait dans l’affaire Laurent Gbagbo », a confié le président du CVCI à RFI, avant d’ajouté : « Maintenant, on a épuisé toutes les voies de recours, même si la décision ne satisfait pas les victimes : vu qu’elles se sont engagées dedans, elles sont obligées de l’accepter. C’est la même chose ici : il y a une décision de justice qui a été rendue à l’encontre de Laurent Gbagbo, il faut qu’elle s’applique. »
Issiaka Diaby (CVCI) – Adou Richard (Procureur), deux visions opposées sur le cas Gbagbo
Poursuivant sur sa lancée, Issiaka Diaby explique sa démarche : « Depuis 2001, il y a eu plusieurs séquences de réconciliation de dialogue politique, de rencontre entre les hommes politiques. Ces faits n’ont pas porté la réconciliation, au contraire, ça a été un facteur de promotion des auteurs de crimes et de l’impunité. »
Et pour se faire davantage entendre, les victimes manifestent, ce lundi matin, devant le Palais de Justice d’Abidjan Plateau. D’autres actions sont en vue les jours à venir. La réaction des autorités ivoiriennes est toutefois attendue pour favoriser un climat de paix et de réconciliation dans une Côte d’Ivoire qui n’attend que de tourner la page des crises et de la division.
À noter que l’ancien chef d’État ivoirien et le ministre de la Jeunesse de son dernier gouvernement sont sous le coup d’une condamnation par contumace de 20 ans de prison chacun. L’éventualité d’une grâce ou d’une amnistie en faveur du fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) et du président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP) est de plus en plus évoquée afin de booster la réconciliation entre Ivoiriens.
Adou Richard, procureur de la République, avait pour sa part donné le ton en déclarant : « La décision ne dépend pas du procureur d’Abidjan, mais la justice s’inscrira dans le temps de la réconciliation. »