Sollicité pour présenter une fresque, le 08 mai 2021, à l’occasion de la célébration du trentième anniversaire de règne de Nanan Kanga Assoumou (roi de Moossou), Georges Momboye, est en pleine répétition avec sa troupe d’une soixantaine de danseurs au Centre national des arts et de la culture (Cnac) de Treichville. Dans l’entretien ci-dessous, le chorégraphe et Directeur du Ballet national explique comment va se dérouler cette fresque, dresse le bilan du Ballet national et donne sa vision pour une redynamisation de ce Ballet.
Georges Momboye: « Nous devons remettre le Cnac dans la main de professionnels »
Vous préparez une fresque à l’occasion de la célébration des trente ans de règne du roi de Moossou. Dites-nous en quoi va consister réellement votre participation à cet événement ?
Georges Momboye (GM): J’ai été moi-même surpris de la sollicitation. Mais, après, cela m’a fait tellement plaisir que je me suis surpris à me dire que le pays s’ouvre désormais. C’est une joie et à la fois une reconnaissance à travers les plus anciens, la tradition et un peuple très fort. Ma participation à la célébration des trente ans de règne du roi de Moossou sera d’apporter une fresque inédite, une fresque qui va raconter tout le parcours de ce peuple depuis l’Égypte jusquà Bassam tout en mettant en exergue toute la richesse de ce parcours. Il s’agira pour nous, donc, de montrer toute cette richesse pharaonique et Ashanti pour arriver à Bonoua et ensuite à Bassam. En clair, c’est une fresque qui va nous retracer de manière féérique le 08 mai toute cette beauté et richesse.
Pourquoi retracer l’histoire de ce peuple à partir de l’Égypte ?
Georges Momboye: C’est ce qui est intéressant dans cette histoire. Ce peuple lui-même dit qu’il vient de l’Est de l’Afrique et à l’époque, il s’agissait de la grande Égypte où se trouvaient tous les noirs dont le roi Ramsès. Je pense que c’est à l’éclatement de la grande Égypte que les peuples, par affinité, ont pris diverses directions.
Pour une telle fresque, c’est combien de danseurs ?
Georges Momboye: Ce sera 70 danseurs et acrobates. L’idée, c’est de présenter un rendez-vous de cinq régions du pays (Nord, Ouest, Est, Sud et Centre) et en faire une sorte de création, de mise en scène chorégraphique et ensuite faire appel à d’autres danses qui viennent de l’extérieur, notamment de chez les Zoulous, les Massaïs, les sénégalais, les guinéens. Tout cela va tourner autour du thème Voyages : de 0 à 21. Cela pour dire qu’on retracera le parcours du roi 1 qui les as conduit jusqu’à Bassam et ensuite le 11ème roi qui a signé le traité sous les colons. On montrera aussi la transformation de Bassam à travers des images.
Que devons-nous retenir de cette fresque ?
GM: En un mot, la cohésion, le partage entre plusieurs peuples.
Georges Momboye, cest aussi le Ballet national. Quel est votre agenda à ce niveau ?
GM: Le Ballet national est au travail. De grandes tournées sont prévues pour 2022-2023 aux Etats-Unis, au Canada et en Europe.
Quel bilan faites-vous de votre gestion à la tête du Ballet national ?
GM: D’abord, à travers notre grande sortie officielle, nous avions lancé les dés. J’ai aussi ouvert mon carnet d’adresses dans le monde et nous avons eu des contrats, malheureusement le Covid-19 est venu noyer tout cet élan. Tout étant complètement annulé pour cette raison, nous avons repris les discussions. Et nous avons déjà réussi à inscrire le Ballet national et le Cirque dans un grand groupe de producteurs américains, canadiens et français.
Quel est aujourd’hui l’état de la danse en Côte d’Ivoire ?
GM: Beaucoup de choses avancent certes mais nous avons besoin d’une réorganisation totale, professionnelle et pratique au niveau de notre ministère de tutelle. Par exemple, nous devons revoir le rôle du Centre national des arts et de la culture (Cnac). Nous devons remettre le Cnac dans la main de professionnels parce qu’il y a beaucoup d’organisations dans notre ministère de tutelle qui s’entremêlent. Et cela nous fait perdre en efficacité. Pour moi, il revient au Directeur du Ballet national de diriger le Cnac.
Seriez-vous en train de remettre en cause le professionnalisme du directeur actuel du Cnac ?
GM: Je pense que chacun doit vraiment faire ce qu’il sait le mieux faire. Le directeur du Cnac est certes un grand frère que je respecte bien mais là, on parle de notre vie. Je me dois de défendre la vie des danseurs. Nous avons besoin de personnes dynamiques qui sont capables de lever des montagnes.
Comme projets personnels, vous êtes en train de bâtir un grand centre exclusivement pour les amoureux de la danse…
GM: Effectivement, je suis en train de construire le Centre Momboye à Abidjan. Ce centre qui sera composé de deux grandes salles de danse, va permettre de transmettre et d’apprendre pour faire sortir les étoiles de la danse en Côte dIvoire. Il y aura également dans ce centre, un théâtre de 200 places avec le plus grand studio de répétion-orchestre. L’idée c’est d’avoir des danseurs qui sont capables d’étudier et de pratiquer à la fois, de la musique en restant de bons danseurs. On mettra en avant la pratique et ce centre sera le plus grand rendez-vous de la danse en Côte d’Ivoire.
Momboye serait-il en train de préparer sa retraite avec la construction de ce centre ?
GM: Je danserai jusqu’à mon dernier souffle. La danse est en moi, elle me porte et elle est toute ma vie. Pour mon héritage artistique, il sera légué aux meilleurs. C’est la raison pour laquelle je me suis mis à fond dans la formation pour transmettre cette passion.