La visite à Abidjan de Bruno Le Maire livre ses secrets. C’est le moins que l’on puisse dire après des révélations sur l’affectation des fonds des contrats C2D qui constitue une véritable pomme de discorde entre Abidjan et Paris.
Le C2D, Bruno Le Maire pose des balises à Abidjan
La coopération franco-ivoirienne s’intensifie au fil des années. Le changement de dirigeants à la tête de ces deux pays frères n’altère en rien leurs relations bilatérales. C’est bien dans le cadre du renforcement de cette coopération que Bruno le Maire s’est rendu à Abidjan, le 29 avril dernier, pour, dit-on, « faire participer la Côte d’Ivoire à la relance économique ». Aussi, dans la capitale économique ivoirienne, le ministre français de l’Économie a-t-il rencontré de nombreux ministres du gouvernement ivoirien, avant d’être reçu en audience par le Président Alassane Ouattara.
Mais au-delà de tout ce folklore, Africa Intelligence croit savoir que les débats étaient houleux entre l’émissaire d’Emmanuel Macron et les autorités ivoiriennes. Et ce, à propos du Contrat de désendettement et de développement (C2D). Le confrère révèle en effet que la Côte d’Ivoire négocie une enveloppe de 1 125 milliards d’euros, soit 751 milliards de francs CFA auprès du Trésor français. Une délégation française, composée de hauts cadres du ministère des Affaires étrangères et du Trésor français, est pour ce faire à Abidjan jusqu’au 5 mai prochain, pour la poursuite desdites négociations.
Toutefois, précise AI, Paris et Abidjan peinent à accorder leurs violons au sujet de l’affection de cette importante manne financière. Les autorités françaises entendent veiller à ce que ces fonds servent effectivement à des projets qu’elles auront validés préalablement, condition sine qua non de l’octroi de ce fonds. Contrairement à la partie ivoirienne qui souhaite l’utiliser à des fins d’appuis budgétaires. Le président ivoirien, Alassane Ouattara, avait d’ailleurs manifesté son souhait, à maintes reprises, de mettre fin au C2D, apprend-on du confrère.
À noter par ailleurs que le Secrétariat technique est placé sous l’autorité de la primature. Cet organisme de coopération franco-ivoirienne est dirigé par l’Ivoiro-Canadienne Léa Djatti, proche de Jeannot Ahoussou Kouadio, président du Sénat. Cependant, le caractère onéreux des multiples procédures de contrôle, dont les frais de fonctionnement qui s’élèvent à environ 2,5 millions d’euros par an, est de plus en plus critiqué.