Alors qu’il n’est pas totalement au mieux de sa forme, Amadou Soumahoro a été réélu président de l’Assemblée nationale (AN) de Côte d’Ivoire au terme des élections législatives qui ont eu lieu le 06 mars 2021.
Adama Bictogo, successeur putatif d’ Amadou Soumahoro à la présidence de l’Assemblée nationale
Le 30 mars 2021, Amadou Soumahoro était réélu président de l’Assemblée nationale ivoirienne pour la législature 2021-2025. Le candidat du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix), devançait ainsi ses adversaires de l’opposition, avec 158 voix, soit 63,97% contre 85 voix, soit 34,41% pour N’zi N’da Affoué Éliane du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire).
« Je remercie tous les députés qui ont pris le temps pour participer à cette cérémonie et qui ont voté pour moi », avait déclaré Amadou Soumahoro qui revenait à peine d’un voyage médical en Turquie.
Deux semaines après cette élection, soit le mercredi 14 avril 2021, était constitué le bureau de l’Assemblée nationale avec comme président Amadou Soumahoro et 11 vice-présidents dont Adama Bictogo (directeur exécutif du RHDP), Maurice Kakou Guikahué (PDCI-RDA de Bédié) et Georges Armand Ouégnin (EDS, opposition pro-Gbagbo).
Si la loi n’établit aucun ordre protocolaire entre les vice-présidents, il faut dire que dans la pratique, les choses semblent toutes autres. Depuis la réforme de juillet 2018, en effet, (Résolution n°005 A du 27 juillet 2018 portant Règlement de l’Assemblée nationale), toute hiérarchie entre vice-présidents de l’Assemblée nationale a été annulée.
Avant cette réforme, le 1er vice-président occupait un poste prééminent par rapport aux dix autres vice-présidents. Il était élu dans les mêmes conditions d’éligibilité que le président de l’Assemblée nationale et le Président de la République. Son rôle prééminent s’exprimait également à travers la suppléance du président de l’Assemblée nationale en cas d’absence momentanée. Mieux, le 1er vice-président le représentait prioritairement à toutes les cérémonies officielles quand celui-ci, pour une raison ou une autre, ne pouvait s’y rendre.
Enfin, toujours selon le Règlement précédent, le 1er vice-président devenait automatiquement président de l’Assemblée nationale à part entière en cas de vacance à ce poste. Il terminait ainsi le mandat entamé par le président de l’Assemblée nationale. Mais tout cela a pris fin depuis la réforme de juillet 2018.
La polémique qui a lieu depuis quelques jours autour de la toute puissance du vice-président Adama Bictogo, est devenue encore plus vive ces derniers temps, avec la nouvelle absence du président Amadou Soumahoro, peu de temps seulement après son élection, toujours pour des raisons de santé.
Adama Bictogo: « C’est le président Ouattara qui m’a proposé à l’Assemblée nationale pour en être le premier vice-président »
« En l’absence de Monsieur Amadou Soumahoro, Président de l’Assemblée nationale en déplacement hors du pays à compter du 15 avril 2021, l’intérim de la Présidence est assuré par Monsieur Adama Bictogo, Vice-président de l’Assemblée nationale», fait savoir un laconique communiqué de l’Assemblée nationale, sans aucune autre précision ni sur la durée de cet intérim ni sur les raisons de l’absence du président de l’institution.
Interrogé par nos confrères de Fraternité Matin, Adama Bictogo a déclaré, dans une interview parue, mardi 27 avril 2021 dans le journal gouvernemental, que c’est le président Alassane Ouattara, par ailleurs président du RDHP, qui ‘’m’a proposé à l’Assemblée nationale pour en être le premier vice-président’’.
« Le président du parti, en recevant son groupe parlementaire, a souhaité au niveau du fonctionnement qu’il y ait un premier vice-président qui assurerait de façon mécanique, naturellement, l’intérim du président de l’Assemblée, en cas d’empêchement ou d’absence de celui-ci, pour éviter tout vide », fait savoir le député d’Agboville.
Adama Bictogo explique qu’au niveau de la confiance, le président du parti, Alassane Ouattara, a considéré qu’en termes de cohérence, il était indiqué que le Directeur exécutif qu’il est, assure ‘’la première vice-présidence afin de créer une courroie de transmission entre les élus Rhdp (qui sont majoritaires à 60 %) à l’Hémicycle et le parti. Ce qui faciliterait et harmoniserait les actions’’.
A ceux qui pensent qu’il (Adama Bictogo) est l’homme fort de l’Assemblée nationale face à un Amadou Soumahoro grabataire, Adama Bictogo essaie tout simplement de relativiser.
« Quand on parle de premier vice-président fort, je pense que l’on fait sans doute allusion à mon accessibilité, à ma disponibilité et à mon engagement à défendre les idéaux du parti incarnés par le Président Alassane Ouattara », répond le président intérimaire de l’Assemblée nationale.