Critiqué pour le chantier de la réconciliation nationale laissé en friches, Alassane Ouattara prend désormais le taureau par les cornes. Le président ivoirien a décidé de poser des actes forts dans le sens de rassembler la classe politique ivoirienne.
Nécessité de réconciliation entre Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo
La Côte d’Ivoire a mal à sa réconciliation. C’est le moins que l’on puisse dire, eu égard aux profondes dissensions observées chez les acteurs politiques. Depuis près de trois décennies, Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara se livrent une véritable bataille de leadership à la tête du pays de Félix Houphouët Boigny.
Ces trois grands leaders du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), du Front populaire ivoirien (FPI) et du Rassemblement des républicains (RDR), aujourd’hui Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), ont eu pour chacun, leur temps de gouvernance de la terre ivoire. Mais également leur opposition a contribué à créer des fractures au sein de la société ivoirienne.
Le coup d’État de 1999, la guerre de 2002, la crise postélectorale de 2011, ainsi que la fracture sociale qui s’en est suivie et dont les effets se sont manifestés éloquemment lors de la désobéissance civile et le boycott actif de la dernière élection présidentielle, achevé de convaincre que la Côte d’Ivoire à résolument besoin d’aller à la réconciliation.
Le dossier de la réconciliation était en effet le talon d’Achille du pouvoir d’Alassane Ouattara. Aussi, après sa réélection à un troisième mandat, du reste contesté par les partis politiques de l’opposition, le chef d’État ivoirien a nommé Kouadio Konan Bertin, son adversaire lors du scrutin présidentiel, pour en faire le ministre de la Réconciliation nationale, ancien président des jeunes du PDCI-RDA.
Alassane Ouattara, vers la libération de plusieurs dizaines de prisonniers de l’opposition
Africa Intelligence nous apprend par ailleurs que le Président Ouattara entend poser, les jours à venir, des actes concrets dans le sens de rassembler à nouveau les Ivoiriens. Ainsi, précise le confrère, des prisonniers proches de Bédié, de Gbagbo, ainsi que de Guillaume Soro. Le dossier de ces personnes incarcérées, pour certains, depuis la crise postélectorale de 2011, pourrait être introduit, avant la fin avril, et les premières libérations intervenir à la mi-mai. Le reste suivra par la suite.
Autre acte fort que le président Alassane Ouattara est en passe de poser, c’est bien l’accélération du processus devant conduire au retour en Côte d’Ivoire de Gbagbo Laurent et Charles Blé Goudé, deux Ivoiriens récemment acquittés à la Cour pénale internationale (CPI). À la suite d’Hamed Bakayoko, le défunt Premier ministre, son successeur Patrick Achi prendra ce dossier en main.
Notons toutefois que le chef d’État ivoirien est d’accord pour aller à la réconciliation, mais exclut pour l’instant toute entrée de l’opposition dans son gouvernement.