Le 5 décembre 2011, Laurent Gbagbo déclarait devant la CPI: « On ira jusqu’au bout ». Fatou Bensouda aussi. Dix ans après, la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) a ordonné mercredi 31 mars 2021, l’acquittement total de Laurent Gbagbo et de son fidèle compagnon de lutte, Charles Blé Goudé.
Acquittés par la CPI, les premières pensées de Laurent Gbagbo à l’endroit de Blé Goudé
La chambre d’appel de la CPI a confirmé l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, prononcé en première instance le 15 janvier 2019. C’est avec les deux pouces lévés vers le ciel que Gbagbo a accueilli la décision. Pour lui, c’en est terminé. Son bras droit et lui sont sont définitivement libres.
Dans sa première publication sur son compte Facebook, Laurent Gbagbo officiel, l’ancien chef d’Etat fait un clin d’oeil particulier à Charles Blé Goudé. Un geste emprunt d’amour et de considération pour son ancien ministre de la Jeunesse qu’il a présenté comme son « fils ».
« Mon fils Blé Goudé et moi sommes définitivement libres… Merci à vous ! », a écrit Laurent Gbagbo. Charles Blé Goudé, ancien chef du mouvement des Jeunes patriotes fidèles à l’ex-président ivoirien, est considéré par ses détracteurs et les ONG internationales comme un de ceux ayant le plus contribué aux violences de 2010-2011.
Mais selon sa défense, en 2007, Charles Blé Goudé a parcouru le pays avec sa « caravane de la paix », appelant à « tendre la main à l’ennemi ». Après le verdict, Laurent Gbagbo s’est isolé avec son épouse, Nady Bamba, et ses avocats dans un salon de la Cour. L’ancien chef de l’État, 75 ans, affaibli par ses huit années de détention, était au téléphone mais n’a pas souhaité réagir publiquement.
Massées devant l’entrée principale de la cour, à La Haye, les dizaines de partisans de l’ex-président et de l’ex-leader des Jeunes patriotes ont laissé exploser leur joie à l’annonce de l’acquittement définitif de leurs leaders.
Simone Gbagbo retient une date « historique » mais…
« C’est une date historique pour l’humanité, et c’est dommage pour la procureure Fatou Besouda. Mais la lutte continue, car de nombreux ivoiriens sont encore détenus dans les prisons ivoiriennes », a fait savoir Simone Ehivet Gbagbo, l’épouse de l’ancien chef de l’Etat ivoirien de 2000 à 2011. « Ce peuple ivoirien est bon et il mérite qu’on se batte pour lui », a-t-elle ajouté.
Le 5 décembre 2011, à La Haye, le Président Laurent Gbagbo a utilisé des mots forts au cours de sa première journée de comparution. Il a montré sa détermination à faire triompher la vérité et le droit sur les manigances et les actes mafieux. Déporté à La Haye le 30 novembre 2011, à l’instigation de Nicolas Sarkozy, d’Alassane Ouattara et d’une certaine communauté internationale, Laurent Gbagbo s’est adressé aux juges mais aussi à l’opinion internationale sur les circonstances de son arrestation à Abidjan « sous les bombes françaises » et ses conditions de détention à Korhogo, nord de la Côte d’Ivoire.
« Je suis là, on ira jusqu’au bout », avait-il lancé à propos de l’éclatement de la vérité sur le drame ivoirien. Dans cette déclaration-hommage, son parti politique, le Front populaire ivoirien (Fpi), lui rend un hommage solennel et se dit prêt à « aller jusqu’au bout » avec lui.