La ville de Palma, dans le nord-est du Mozambique, est tombée samedi aux mains des jihadistes ayant fait allégeance au groupe Etat islamique, après trois jours de combats.
« Des corps dans les rues » de la ville de Palma
Située dans le nord-est du Mozambique et seulement à dix kilomètres du mégaprojet gazier piloté par le groupe français Total, la ville de Palma est désormais contrôlée par des jihadistes.
Des témoins racontent trois jours de terreur, face à la violence et l’ampleur de l’attaque. Des centaines de personnes ont fui dans la forêt, d’autres se sont réfugiés dans l’enceinte du site gazier ou dans un hôtel avoisinant, l’hôtel Amarula.
Des opérations d’évacuation ont ensuite été organisées par camions et par bateaux, mais beaucoup d’évacués sont tombés dans des embuscades meurtrières, raconte l’agence Reuters.
« L’attaque avait démarré mercredi 24 mars », explique Wassim Nasr, journaliste à France 24 . « Une centaine de jihadistes ont commencé à s’attaquer à des villages situés à côté de Palma, puis à l’ouest et au nord de la ville, provoquant une grande confusion chez les militaires qui les attendaient au sud. »
A Palma, « presque tout a été détruit et beaucoup de gens sont morts », affirmait vendredi à l’AFP un salarié du site gazier évacué, sans autre détail sur les victimes ou leurs nationalités.
Plusieurs personnes ont été tuées, affirme l’ONG Human Rights Watch, citant des témoins « qui nous disent avoir vu des corps dans les rues ». Parmi eux, au moins un citoyen sud-africain, a-t-on appris auprès d’une source gouvernementale à Johannesburg.
Au moins 180 personnes piégées à l’hôtel Amarula après les attaque djihadistes
Environ 180 personnes se sont ainsi retrouvées bloquées dans un hôtel pendant près de 48 heures. Elles ont finalement pu être évacuées vendredi mais certaines ont ensuite été tuées dans une embuscade.
« Il y a encore beaucoup de confusion sur le sort des personnes qui ont été encerclées dans cet hôtel. Il y a eu plusieurs tentatives de sortie, certaines ont échoué », précise Wassim Nasr.
Pris en étau entre des deux villes, l’immense projet de gaz naturel liquéfié auquel participe l’entreprise Total, le groupe français, a annoncé samedi la suspension de ses opérations.
Total « ne déplore pas de victimes parmi le personnel employé sur le site du projet » à Afungi, à dix kilomètres de Palma, mais va y « réduire au strict minimum le personnel » et « la remobilisation du projet envisagé en début de semaine est bien sûr suspendue ».
L’entreprise venait en effet d’annoncer la reprise des travaux après plusieurs mois d’arrêt suite à la menace terroriste. La province musulmane de Cabo Delgado, frontalière de la Tanzanie et riche en gaz naturel, est confrontée à une violente guérilla depuis plus de trois ans.
Palma, où des milliers de personnes fuyant ces violences ont trouvé refuge, compte actuellement 75 000 habitants.
Palma est située à plus de 1800 km au nord-est de Maputo dans la province riche en gaz de Cabo Delgado, où les autorités sont confrontées à une violente insurrection depuis 2017.
Des djihadistes armés, connus sous le nom d’Al Shabab (« les jeunes» en arabe) et qui ont fait allégeance à l’EI en 2019, y mènent des attaques sanglantes depuis plus de trois ans.
Les attaques avaient néanmoins faibli ces derniers mois, une accalmie imputée à la riposte militaire. Le conflit a fait au moins 2600 morts, dont plus de la moitié des civils, selon l’ONG Acled, et forcé plus de 670’000 personnes à quitter leurs foyers, selon l’ONU.