Il revient au Conseil constitutionnel de se prononcer en dernier ressort sur les contentieux relatifs aux récentes élections législatives ivoiriennes. Mais avant l’arrêt de la juridiction suprême de Côte d’Ivoire, certains candidats, leurs avocats, ou même les partis politiques qui les parrainent, exercent des pressions à peine voilées sur le Président Koné Mamadou et ses conseillers.
Le contentieux électoral autour des législatives ivoiriennes s’amplifie
Après la Présidentielle d’octobre 2020, les Ivoiriens étaient appelés aux urnes pour une autre bataille électorale, celle des élections législatives ivoiriennes. Tous les partis politiques majeurs de la classe politique ivoirienne étaient à ce rendez-vous du renouvellement du Parlement ivoirien. Même le Front populaire ivoirien (FPI) proche de l’ancien chef d’État Laurent Gbagbo avait décidé de prendre part à ce scrutin, après plus d’une décennie de boycott. Aussi, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié, et la plateforme de l’opposition proche du camp Gbagbo ont formé une coalition à l’occasion de cette élection.
Mais il ressort, au terme des résultats proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI), que certains candidats ou leurs représentants contestent vigoureusement les scores annoncés. Ceux-ci ont, pour ce faire, saisi le Conseil constitutionnel d’un recours aux fins contester la victoire de leurs adversaires, ou plutôt, fait prévaloir des arguments solides afin de protéger leurs victoires contre les recours de leurs adversaires.
Me Suy Bi Gohoré, avocat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), reste toutefois prudent sur les différents recours exercés par ses soins par les candidats du parti septuagénaire, ou par des candidats eux-mêmes. « Les décisions des recours sont attendues cette semaine. Certains dossiers ont été traités, dont celui de Yamoussoukro. D’autres suivront demain (Ndlr : aujourd’hui), mais la grande partie, ce sera mercredi et jeudi », précise le conseil du parti du Président Bédié. Puis, il ajoute : « Ce sont des procédures en justice. Il est toujours difficile d’en présager l’issue. » L’avocat du PDCI déclare toutefois que ce sont des dossiers en béton qui ont été déposés devant le CC. « On a déposé des mémoires pour les protéger. On espère qu’on aura gain de cause », s’est-il voulu optimiste.
À Yamoussoukro, capitale politique ivoirienne, où Kouassi Kouamé Patrice dit KKP, faut-il le rappeler, avait déposé une requête devant le Conseil constitutionnel en contestation de la victoire du ministre Souleymane Diarrassouba. Mais le Conseil a déclaré la requête de KKP mal fondée, et l’a débouté.
À propos de la bataille électorale entre Adama Bictogo, Directeur exécutif du Rassemblement des républicains pour la démocratie et la paix (RHDP), et Fleur Aké M’bo, candidate de l’opposition, Me Suy Bi reste optimiste. « Il n’y a pas d’inquiétude particulière », a-t-il indiqué, avant d’appeler les juges constitutionnels à rester dans leur rôle de juges et à dire le droit dans toute sa splendeur sans tenir compte de la tête du client. « Le politique ne devrait pas prendre le pas sur la loi », a prévenu l’homme de loi.
À noter que plus d’une centaine de recours ont été déposés devant le Conseil constitutionnel, juge des élections législatives ivoiriennes. Nous sommes donc dans la semaine décisive de la proclamation des résultats définitifs de ces contentieux relatifs aux législatives du 6 mars dernier.