La question du retour de Laurent Gbagbo, qui était accusé de crimes contre l’humanité, est de plus en plus évoquée sur les bords de la lagune Ebrié, surtout par les partisans de l’ancien président. Le tout nouveau ministre de la Réconciliation nationale, Kouadio Konan Bertin (KKB), entend s’envoler auprès de l’ancien président en Belgique où le « Woody » de Mama est en liberté sous conditions après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI). Quel est l’objet de ce voyage de l’ex-député de Port-Bouët ?
KKB déterminé à échanger avec Laurent Gbagbo
Invité sur les ondes de la radio française RFI, Kouadio Konan Bertin dit KKB a livré les raisons qui le poussent à vouloir rencontrer de nouveau Laurent Gbagbo. « Nous savons tous que Laurent Gbagbo est un acteur majeur de la crise. Sa vision, on doit en tenir compte ; ses observations doivent être intégrées, ses préoccupations doivent être intégrées. De toute évidence, je lui dois une visite, ne serait-ce que de courtoisie, pour que nous en discutions », a déclaré le ministre ivoirien de la Réconciliation nationale.
Le candidat malheureux à la présidentielle du samedi 31 octobre 2020 a aussi laissé entendre qu’il se rendra à Accra afin d’échanger avec ses compatriotes en exil dans ce pays. « C’est pourquoi j’ai projeté donc ces voyages d’abord à Accra où se trouvent de nombreux Ivoiriens qui sont encore en exil et qui manifestent le désir depuis quelque temps de retourner. S’ils doivent revenir dans leur pays, ce que nous souhaitons, c’est que ce retour soit hautement encadré », a poursuivi l’ancien leader de la jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) d’Henri Konan Bédié.
Le ministre d’Alassane Ouattara rencontrera l’ensemble des Ivoiriens exilés au Ghana, mais aussi les leaders d’opinion avant de mettre le cap sur l’Europe pour parler avec Laurent Gbagbo et son ancien ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé, acquittés par les juges de la Chambre d’appel de la CPI.
Pendant ce temps, le retour de Laurent Gbagbo se prépare
En possession de ses deux passeports depuis le vendredi 4 décembre 2020, l’ex-président ivoirien, fondateur du Front populaire ivoirien (FPI), est impatient de rentrer à Abidjan. La nouvelle avait été portée par Me Habiba Touré, l’avocate du père de Michel Gbagbo. Elle affirmait que l’ancien chef d’Etat « a reçu ce jour deux passeports, un ordinaire et un diplomatique, des mains de madame l’ambassadeur Nogozene Bakayoko, chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères, et de Monsieur Abou Dosso, ambassadeur de la République de Côte d’Ivoire en Belgique ». Me Habiba Touré avait également notifié que son client « n’a pas à négocier ce qui revient de droit à un citoyen ».
Du côté du camp Gbagbo, le Front populaire ivoirien estime que le gouvernement ivoirien ne semble pas pressé d’accueillir son leader sur le sol ivoirien. « La direction du Front populaire ivoirien qui s’inscrit résolument dans cette voie d’apaisement, en appelle encore à l’engagement du gouvernement à réunir, dans un délai convenable, les conditions du retour effectif en Côte d’Ivoire, du président Laurent Gbagbo », déclarait Assoa Adou, le secrétaire général du FPI, dans un communiqué.
Pour rappel, Laurent Gbagbo, opposant historique de feu Félix Houphouët-Boigny, vit en Belgique avec sa seconde épouse, Nady Bamba et leut fils. Le président déchu le 11 avril 2011 a été condamné à 20 ans de prison ferme par la justice ivoirienne dans l’affaire du casse de la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) lors de la crise post-électorale de novembre 2010 à avril 2011.