En RDC, l’un de ceux qui ont tué les défenseurs des droits humains Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, a été arrêté, à Lubumbashi, rapporte la presse locale ce jeudi. Ce double meurtre est parmi les crimes les plus emblématiques de la présidence de Joseph Kabila. Le dossier a été rouvert par son successeur, le président Félix Tshisekedi.
Rebondissement dans l’affaire Floribert Chebeya et Fidèle Bazana
Il y a quelques semaines, deux policiers ont reconnu avoir participé à différents degrés à l’assassinat des militants des droits de l’homme congolais, Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.
Condamné par contumace, Jacques Mugabo était cité par les deux témoins de RFI comme l’un des meneurs du commando chargé d’assassiner les deux militants des droits de l’homme.
Onze ans après l’assassinat de Chebeya et Bazana, l’adjudant Hergile Ilunga et le brigadier Alain Kayeye ont expliqué comment se sont déroulés les faits. Selon eux, les deux hommes auraient été étouffés avec des sacs en plastique dans deux jeeps dont l’une était conduite par Hergile Ilunga.
Floribert Chebeya et Fidèle Bazana « étouffés dans du sachet plastique”
Le mardi 1er juin 2010, rapporte Rfi, en fin de matinée, Hergil Ilunga wa Ilunga, simple adjudant de la police nationale de la République démocratique du Congo (RDC), reçoit deux appels qui vont changer sa vie. Le premier provient de son supérieur hiérarchique, le colonel Daniel Mukalay, inspecteur général à la direction des renseignements généraux et services spéciaux ; le second, du chef de l’opération du jour : le major Christian Ngoy Kenga Kenga.
Cet officier commande le bataillon « Simba », l’un des plus redoutés de la police. Ancienne unité de l’armée reversée dans la Légion nationale Police d’intervention rapide (PIR), le bataillon est composé de fidèles du général John Numbi, l’homme des basses besognes sous la présidence de Joseph Kabila (2001-2019), aujourd’hui encore sous sanctions des États-Unis et de l’Union européenne.
Le 2 juin 2010, Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana sont assassinés à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. Ils se rendaient alors à l’Inspection générale de la police pour rencontrer son directeur de l’époque, le général John Numbi.
« C’est dans le véhicule que je conduisais qu’on a tué Fidèle Bazana. Vers 19h10, dans le second véhicule, où se trouvaient Bruno Soti, Doudou Ngoyi et Jacques Mugabo, c’est là qu’a été assassiné Floribert Chebeya sur ordre du général Christian Ngoy Kenga Kenga”, expliquent les témoins.
Une version qui viendrait innocenter l’ancien officier de police Paul Mwilambwe qui a toujours clamé son innocence dans cette affaire. « Face aux nouveaux éléments que l’adjudant Hergile Ilunga et le brigadier Alain Kayeye viennent d’apporter, cela confirme mes révélations et mes témoignages et cela prouve mon innocence. Je confirme que les deux policiers que je viens de citer font partie de ladite section de la police qui a exécuté les deux défenseurs des droits de l’homme », confie Paul Mwilambwe.
Un an plus tard, en 2011, un procès pour assassinat a lieu. Cinq policiers sont condamnés à l’issue du procès devant la justice militaire. Mais les proches des deux hommes et la société civile soutiennent que l’affaire n’a pas été complètement élucidée.
Des années après, le 3 septembre 2020, le commandant Christian Ngoy Kenga Kenga est arrêté à Lubumbashi. Ce dernier est soupçonné d’avoir participé à ce double assassinat. Peu de temps après cette arrestation, Hergile Ilunga et Alain Kayeye décident de s’exiler.
S’agissant de l’adjudant Ngoy Mulanga, du lieutenant Bruno Nyembo Soti et du lieutenant Jaques Mugabo, selon leurs ex-collègues, ils seraient tous les trois actuellement en RDC. Le lieutenant Mugabo et l’adjudant Ngoy seraient toujours dans la ferme de John Numbi tandis que le lieutenant Soti serait à Kolwezi dans la province du Lualaba.