La nomination à la tête de l’OMC de la chévronnée économiste nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, diplômée de Harvard et du MIT, ancienne ministre et directrice de la Banque mondiale, suscite des critiques racistes et/ou sexistes et anti-africains auprès des occidentaux.
OMC: La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, victime de propos racistes et sexistes
Nommée directrice générale de l’OMC, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala (66 ans) fait l’objet d’une campagne machiste et raciste depuis quelques jours. C’est la qualification de « grand-mère » par un journal suisse, de l’ancienne ministre nigériane, qui a suscité l’indignation.
Dans une chronique présentée par le journaliste Damien Glez, le confère fait savoir que “les machistes racialistes n’ont pas fini leur purgatoire. Depuis la nomination de Ngozi Okonjo-Iweala, les internautes vigilants traquent le naturel qui revient au galop, même drapé dans d’insidieuses formulations. C’est ainsi qu’un titre du journal suisse Aargauer Zeitung a interpelé au point de devenir viral : « Cette grand-mère sera la nouvelle directrice de l’OMC »”.
Ngozi Okonjo-Iweala est née au Nigéria, elle est la première femme à diriger l’OMC, la première directrice générale de cette organisation à venir du continent africain pour sauver une institution paralysée et discréditée par des rivalités de tous genres.
Alors que peut donc bien revêtir ce mot « grand-mère » dans l’esprit d’un journaliste helvétique ?, s’interroge le journaliste franco-burkinabé de Jeune Afrique. S’il sous-entend qu’une mère d’enfants eux-mêmes parents a un âge à souligner – 66 ans dans le cas de Ngozi Okonjo-Iweala -, le rédacteur est-il capable de produire les articles où il qualifie de « grand-père », dès le titre, le Secrétaire général actuel des Nations unies, António Guterres, âgé de 71 ans ? À moins qu’il ne sous-entende qu’une grand-mère est vouée à faire des confitures ou à se faire dévorer par un loup dans un conte européen.
La formulation du titre suisse est-elle la torve combinaison de trois discriminations: anti-femme, anti-africain et anti-sénior ?
Beaucoup d’internautes y voient davantage une « branche » à laquelle un observateur raciste et/ou sexiste pourrait se raccrocher dans un monde trop politiquement correct. L’article trahirait tout bonnement un doute sur les qualifications de la nouvelle patronne de l’OMC, tous aspects de son profil confondus.
Des twittos affirment que ce sont de mêmes observateurs suisses qui auraient miné le parcours du Franco-ivoirien Tidjane Thiam qui ramena pourtant le Crédit suisse à une situation de profitabilité.
La nomination Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’OMC, une institution quasi paralysée qui n’arrive plus à remplir sa mission, était attendue, après le retrait de la course le 5 février de sa seule autre rivale, la ministre sud-coréenne du Commerce, Yoo Myung-hee.
Cette dernière avait pris sa décision, après avoir consulté les États-Unis qui, sous Donald Trump, étaient son principal soutien. Après plusieurs mois de paralysie, l’administration Biden a préféré lever le principal obstacle à la nomination de Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’OMC, en apportant « son soutien appuyé » à la candidature de la Nigériane.
Qui est Ngozi Okonjo-Iweala, la nouvelle directrice générale de l’OMC
À 66 ans, l’ancienne ministre du Nigeria a fait de brillantes études en économie du développement (Harvard, MIT), une brillante carrière à la Banque mondiale, deux fois ministre des finances au Nigeria.
Ngozi Okonjo-Iweala « peut être ferme et audacieuse, elle sait faire rire et raconter des blagues » selon l’un de ses anciens collègues du gouvernement.
Ce qu’elle a laissé après deux mandats de ministre, de 2003 à 2006 puis de 2011 à 2015, c’est un pays moins endetté. Ses talents de négociatrice internationale vont cependant être mis à l’épreuve.
Lors de son second mandat, alors qu’elle s’attaquait aux commissions frauduleuses sur le pétrole, rappelle The Vanguard, un journal Nigérian, sa mère a été kidnappée, ses ravisseurs exigeant sa démission, ce qu’elle a refusé. Pour la petite histoire, mais cela paraît presque trop romanesque pour y croire… Sa mère a réussi à s’échapper.
C’est une femme puissante, comme on dit de nos jours, qui arrive donc à la tête de l’OMC, et c’est aussi une très bonne experte des questions de brevets et de vaccins, puisqu’elle présidait depuis 5 ans l’Alliance mondiale pour les vaccins (GAVI), qui aujourd’hui joue un rôle clé pour mettre à disposition les vaccins anti-covid des pays les plus pauvres.
Selon le Times qui a pu l’interviewer avant cette nomination, sur 45 minutes d’entretien, c’est quand elle parle des réponses possibles à la pandémie de Covid-19 qu’elle s’anime le plus.
« L’une des… principales priorités que j’ai, qui me passionne, est de savoir comment le commerce et l’OMC peuvent jouer un rôle plus important pour apporter des solutions à la pandémie de Covid-19, à la fois sur le plan de la santé mais aussi sur le plan économique », a-t-elle déclaré à CNN qui a pu l’interviewer après sa nomination.
Bon vent et fructueuse mission à notre “Grand-mère” Ngozi Okonjo-Iweala, chère à nous africains.