Le 18 février 1992, le Front populaire ivoirien (FPI), mené par Laurent Gbagbo, a initié une marche pour réclamer la démocratie en Côte d’Ivoire. Vingt-neuf ans après, Danièle Boni Claverie, présidente de l’Union républicaine pour la démocratie (URD), parle de cet évènement.
Laurent Gbagbo et le FPI dans la rue le 18 février 1992
Cela fait exactement vingt-neuf ans que le Front populaire ivoirien (FPI) appelait ses partisans à descendre dans la rue dans le cadre d’une marche de protestation. Le 18 février 1992, l’ancien président Laurent Gbagbo et les siens ont manifesté à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, contre le pouvoir de feu Félix Houphouët-Boigny et de son Premier ministre Alassane Ouattara.
En effet, le FPI avait déjà protesté contre une récente descente des forces de l’ordre à la cité universitaire de Yopougon et exigeait des enquêtes pour faire la lumière sur toute l’affaire. Le premier président de la République de Côte d’Ivoire, par ailleurs créateur du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), se résout finalement à ouvrir une enquête, mais ne prend aucune sanction contre le général Guei Robert et ses hommes.
Le manque de sanction de la part du président ivoirien conduit le FPI a lancé une marche de protestation le 18 février 1992. Laurent Gbagbo et ses partisans battent le pavé dans la commune du Plateau. Ce jour-là, aux yeux des Ivoiriens, le fondateur du Front populaire ivoirien et son épouse, Simone Gbagbo, sont arrêtés puis conduits à la caserne de gendarmerie d’Agban.
Les heures qui suivent, le couple Gbagbo est incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) par le pouvoir ivoirien. La classe politique ivoirienne, particulièrement le camp Gbagbo, a été secouée par ces faits. Cela a suscité une vive protestation des militants du FPI qui réclamaient la mise en liberté de leur leader.
Boni Claverie parle de la marche du FPI 29 ans après
Le 18 février 2021, soit 29 ans plus tard, Danièle Boni Claverie revient sur la marche initiée par l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, le père de Michel Gbagbo. « Il y a des commémorations que l’on aimerait oublier, car les évènements qu’elles font ressurgir à notre mémoire ne sont ni honorables ni glorieux. La marche du 18 février 1992 en fait partie. Une marche de protestation du FPI autorisée par le pouvoir d’alors qui se termine en chasse à l’homme, « l’homme » étant Laurent Gbagbo et son épouse Simone », a écrit la fondatrice de l’Union républicaine pour la démocratie (URD) sur les réseaux sociaux.
Dans sa publication, l’ex-ministre de la Communication est revenue sur « la rumeur persistante » qui annonçait « qu’un plan d’assassinat avait été concocté contre la personne de Laurent Gbagbo » qui a lutté pour l’instauration du multipartisme dans le pays. Danièle Boni Claverie rappelle que ladite rumeur a galvanisé les partisans du FPI.
La présidente de l’URD précise qu’à cette époque l’actuel chef d’État Alassane Ouattara et ancien Premier ministre d’Houphouët, et Laurent Gbagbo étaient déjà protagonistes, l’un en tant que chef du gouvernement ivoirien et l’autre comme tête de file de l’opposition ivoirienne. « 20 ans après, on retrouve les mêmes protagonistes, Alassane Ouattara aux manettes, Laurent Gbagbo à La Haye et Simone en prison », a-t-elle fait remarquer.
« Au-delà des souffrances des uns et des autres, c’est la démocratie qui est mise en berne et je fais partie de ceux qui croient que malgré tout, l’Afrique est apte à faire sienne les valeurs démocratiques même si nos dirigeants s’y prennent mal. Nous avons entamé une longue marche, emprunté un chemin tortueux, douloureux qui nous oblige, je l’espère, à réinventer notre démocratie en allant dans le sens de sa consolidation, de l’assainissement de la vie politique, de l’indépendance des Institutions et de l’organisation d’élections crédibles et transparentes sans oublier la nécessité d’inculquer aux citoyens des valeurs républicaines souvent ignorées », a enfoncé Danièle Boni Claverie.