Pour la première fois depuis son exil, Guillaume Soro parle de l’échec du Conseil national de transition (CNT), lancé par l’opposition ivoirienne peu avant la proclamation des résultats de l’élection présidentielle de fin octobre 2020.
Guillaume Soro et Ouattara, la rupture !
Le 8 février 2019 marque la rupture entre Guillaume Soro et son mentor Alassane Ouattara. En effet, ce jour-là, l’ancien patron de la rébellion sous Laurent Gbagbo, a rendu sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale.
« Oui, j’ai choisi de ne pas m’engager au sein du RHDP unifié. Ainsi, je n’ai pas pris part au congrès du 26 janvier dernier au stade Félix Houphouët-Boigny. Grave erreur ! Grave faute ! Ont tôt fait de clamer certains de mes compères. Mais voyez-vous, je suis homme plus au jugement de l’histoire qu’au jugement des hommes », a lancé l’ex-leader de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) dans son dernier discours en tant que chef du Parlement.
Les relations entre le natif de Kofiplé et le président ivoirien se détériorent à tel point que Guillaume Soro, en tournée dans l’hexagone n’a pu regagner Abidjan, la capitale économique ivoirienne, le 23 décembre 2019. Visé par un mandat d’arrêt international, le député de Ferké, par ailleurs fondateur de Générations et peuples solidaires (GPS), assiste impuissant à l’arrestation de certains de ses proches.
En avril 2020, l’homme fort des Forces nouvelles qui avait annoncé sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre a été condamné à 20 ans de prison par la justice ivoirienne pour recel de deniers publics détournés et blanchiment de capitaux.
Guillaume Soro se dresse contre la candidature de Ouattara
Alassane Ouattara, qui avait pourtant indiqué qu’il ne briguerait pas un 3e mandat, s’est ravisé suite au décès brutal du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, candidat initialement désigné par le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), en décidant de revenir dans l’arène politique.
Dans le camp de l’opposition, la candidature du président sortant était perçue comme une violation de la Constitution ivoirienne. « La Constitution est claire : Ouattara ne peut pas être candidat à un troisième mandat. Ses juristes l’ont dit. Les rédacteurs de la Constitution l’ont affirmé. Le ministre de la Justice l’a déclaré devant les députés. Lui-même l’a déclaré dans plusieurs interviews. Son revirement ne nous surprend guère, tant nous le connaissons comme un homme de reniement et de parjure. Quant au Conseil constitutionnel, lui aussi, ne nous étonne guère dans ses errements », a confié Guillaume Soro à Le Point.
Guillaume Soro et l’épisode du Conseil national de transition (CNT)
L’ex-chef de la rébellion et l’opposition ivoirienne ont dénoncé la candidature d’Alassane Ouattara. On se rappelle que l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié avait appelé la population à la « désobéissance civile ». » La désobéissance civile s’impose face à la forfaiture de Alassane Ouattara « , a écrit le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) sur son compte Twitter.
Cependant, Alassane Ouattara organise et remporte le scrutin présidentiel dès le premier tour face au candidat indépendant Kouadio Konan Bertin, l’actuel ministre de la Réconciliation nationale.
Sans attendre les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI), les opposants annoncent la création du Conseil national de transition (CNT) devant se substituer aux institutions ivoiriennes avec Henri Konan Bédié comme président. Mais ce nouvel organe est un véritable échec. Dans une interview au journal Générations nouvelles, Guillaume Soro avoue que « l’épisode du CNT demeure une impréparation tactique ».