Le Front populaire ivoirien (FPI) serait-il au bord de l’implosion ? La question est d’autant plus opportune qu’une internaute a annoncé la création d’un nouveau parti politique par Simone Gbagbo, la 2e Vice-Présidente du parti à la rose. Me Rodrigue Dadjé, avocat de l’ex-Première Dame est cependant monté au créneau pour démentir formellement cette allégation.
« Rassemblement national », le parti de Simone Gbagbo ? Le démenti de son avocat
Depuis la chute de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, au terme de la crise ivoirienne de 2010-2011 dite crise postélectorale, son parti, le Front populaire ivoirien (FPI) traverse une zone de turbulences quasi interminable.
Miaka Ouréto Sylvain, Président par intérim d’alors, a tiré sa révérence. Pr Mamadou Coulibaly, ancien Président de l’Assemblée nationale et vice-président du parti des Refondateurs, a claqué la porte et créé Lider, Liberté et démocratie pour la République.
Pascal Affi N’Guessan, président statutaire du FPI, a fait face à une farouche dissidence ayant entrainé la cassure du parti en deux tendances. La tendance modérée dite pro-Affi ou Affidé, dirigée par l’ancien Premier ministre, et celle plus radicale dite Gbagbo ou rien (GOR) dont le porte-étendard était Sangaré Aboudrahamane, appelé par ses compagnons, le Gardien du temple.
Au décès de celui-ci, Dr Assoa Adou, ancien ministre des Eaux et forêts, a été nommé au secrétariat général de cette tendance présidée par l’ex-chef d’État ivoirien Gbagbo Laurent.
Ces deux tendances se sont livrés, depuis 2014, une véritable guerre fratricide, au point où toutes les tentatives de réconciliation ont buté sur l’intransigeance de chaque parti. Même la rencontre Gbagbo-Affi à Bruxelles, en janvier 2020, n’a pas contribué à faire tomber le mir de glace entre les frères socialistes.
Lors de l’élection présidentielle de 2020, l’opposition ivoirienne s’était retrouvée dans son grand ensemble pour lancer un mot d’ordre de désobéissance civile et de boycott actif de ce scrutin présidentiel afin de protester contre un troisième mandat du président sortant, le président ivoirien Alassane Ouattara, président du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Pendant la crise qui s’en est suivi, près d’une centaine d’Ivoiriens sont passés de vie à trépas, de nombreux blessés ont été répertoriés, sans compter l’important dégât matériel enregistré. De nombreux leaders de l’opposition ivoirienne, dont des proches d’Henri Konan Bédié, président du PDCI, ont par ailleurs été incarcérés. Mais les discussions entre le gouvernement ivoirien et les opposants ont permis de réconcilier un tant soit peu la classe politique ivoirienne. Ce qui a abouti à la libération de certains prisonniers proche de l’opposition.
Après la récente libération d’Affi N’Guessan, une forte délégation de la plateforme Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), s’est donc rendue à son domicile pour communier avec lui et compatir à ses souffrances. Alors que l’on s’attendait à ce que les deux tendances soient enfin réconciliées, que les divergences à propos des élections législatives, du 6 mars 2020, ont établi l’évidence d’une fracture encore béante entre ces deux frères ennemis.
C’est dans cette atmosphère déjà délétère que, le 11 février 2021, une personne se faisant identifier comme « Angeline Linda Akmel» a fait une publication des plus surprenantes sur Facebook dans l’Observatoire Démocratique en Côte d’Ivoire Relais 4 » comme suit : « Les amis de Simone réunis ce jour à la Riviera-Attoban ont décidé de lancer leur parti politique après les élections législatives. Simone prendrait la tête du parti, lequel parti pourrait s’appeler « Rassemblement national » ou « La Côte d’Ivoire Unie ». Nous y reviendrons avec plus de détails. » À cette publication est rajoutée une photo de Madame Simone Ehivet Gbagbo.
Dans un communiqué de presse, dont Afrique-sur7 a reçu copie, Me Rodrigue Dadjé, avocat de l’épouse de l’ex-président de la République, dont le procès est pendant devant la Cour pénale internationale (CPI), est monté au créneau pour apporter un démenti formel à cette information, qui circule déjà dans la classe politique ivoirienne, dans les rumeurs de Yopougon, d’Abobo, ou même sur la toile comme une trainée de poudre.
« Madame Simone Ehivet Gbagbo tient à informer l’opinion nationale et internationale, qu’elle ne connait pas d’amis qui seraient en train de lancer un parti dont elle prendrait la tête, encore moins dont elle deviendrait membre. Madame Simone Ehivet Gbagbo demeure membre fondateur et toujours deuxième Vice-Présidente du Front Populaire Ivoirien », a déclaré, ce samedi 13 février 2021, Maître Ange Rodrigue Dadjé, de la défense de Simone Gbagbo.
À noter que Simone Gbagbo, condamnée à 20 ans de réclusion par la justice ivoirienne, bénéficie d’une ordonnance d’amnistie prise par le Chef d’État ivoirien, qui refuse d’ailleurs d’exécuter un mandat d’arrêt émis par la Cour de La Haye. Quant à son époux, l’ancien chef d’État Laurent Gbagbo, et son ancien ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé, ancien leader des jeunes patriotes, ils bénéficient, quant à eux, d’un acquittement des charges de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, crimes commis lors de la crise post-électorale. Les tractations entre le pouvoir ivoirien et ces deux compatriotes se poursuivent afin qu’ils puissent rentrer à Abidjan et prendre une part active à la réconciliation nationale.