Après avoir lancé le boycott de l’élection présidentielle de 2020, l’alliance PDCI-EDS est revenue dans le jeu politique ivoirien à la faveur des élections législatives du 6 mars prochain. Les partis politiques de l’opposition proches d’Henri Konan Bédié et de Laurent Gbagbo entendent arracher au parti d’Alassane Ouattara, la majorité absolue à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire.
L’Alliance PDCI-EDS vise 86,7% (218 sur 255) des sièges à l’Assemblée nationale
Le Scrutin présidentiel d’octobre 2020 a été émaillé de violences à la suite du mot d’ordre de désobéissance civile et de boycott actif lancé par l’opposition ivoirienne pour protester contre le « troisième mandat anticonstitutionnel » du président ivoirien. Près d’une centaine de morts, de nombreux blessés et d’importants dégâts matériels ont été enregistrés, aussi bien à Abidjan que dans certaines villes de l’intérieur, au cours de cette crise ivoirienne.
Passée cette vague, les acteurs politiques ivoiriens ont tenu un dialogue politique sous la direction du Premier ministre ivoirien Hamed Bakayoko. Ce dialogue de la classe politique ivoirienne s’est soldé par l’apaisement des tensions sociopolitiques dans le pays d’Houphouët-Boigny, et surtout la participation de l’opposition au scrutin législatif. Décision qui a somme toute réjoui le pouvoir ivoirien.
Depuis leur réconciliation scellée, en juillet 2019, à Bruxelles, l’ancien Président Henri Konan Bédié, Président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), et l’ancien Chef d’État ivoirien Laurent Gbagbo, Fondateur du Front populaire ivoirien (FPI), ont en effet consenti à aller ensemble à l’assaut du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) du président ivoirien, Alassane Ouattara, pour se tailler une majorité absolue au sein du Parlement ivoirien.
En dépit de quelques incompréhensions entre le camp Gbagbo et le camp Bédié, leurs deux plateformes, CDRP et EDS, (PDCI-EDS) se sont toutefois accordées sur certaines circonscriptions électorales, où ils ont décidé de présenter des candidats sur des listes communes, ou des candidatures uniques avec l’accord de l’autre partenaire politique. Ainsi, l’alliance Bédié-Gbagbo sera représentée dans 218 des 255 circonscriptions, soit un total de 86,7% des circonscriptions électorales, à pourvoir lors de ce scrutin, apprend-on dans un document exclusif de Mondafrique.
Le tableau présenté par le confrère établit ce qui suit :
128 candidats uniques aux deux partis sous la bannière « Union pour réconcilier les Ivoiriens»,
32 candidats du PDCI sans la concurrence de candidat pro-Gbagbo dans la même circonscription,
29 candidats pro-Gbagbo sans la concurrence de candidat du PDCI dans la même circonscription.
Si le RHDP du Président Ouattara surfe sur son hégémonie dans le Nord ivoirien avec 37 circonscriptions qui lui sont d’ores et déjà dévolues, force est de constater que la bataille pourrait être rude dans les autres villes du pays où l’opposition ivoirienne présente des candidats. Et ce, d’autant plus que l’alliance entre Gbagbo et Bédié pourrait bien engendrer une majorité « arithmétique » dans ces différentes circonscriptions.
Même si Soro Guillaume, ex-Président de l’Assemblée nationale, a enjoint à ces camarades de Générations et peuples solidaires (GPS) de ne pas participer à ce scrutin législatif, force est de constater que son ancien compagnon de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), Charles Blé Goudé, dont le procès est toujours pendant devant la Cour pénale internationale (CPI), a décidé de soutenir certains cadres du COJEP, son parti, candidats à ce scrutin. De son côté, Pascal Affi N’Guessan, Député de Bongouanou et Président d’une frange du FPI, entend également présenter des candidats pour améliorer son score de 3 députés de la précédente législature.
Quoi qu’il en soit, le peuple ivoirien aspire à la réconciliation nationale et espère que cet autre scrutin ne sera pas une porte ouverte pour une autre crise qui va à nouveau disloquer la Nation ivoirienne.