En Côte d’Ivoire, les élections législatives auront lieu le 6 mars 2021. À moins d’un mois de ce scrutin électoral, Vagondo Diomandé, le ministre ivoirien de l’Intérieur, a exprimé ses craintes.
Le souvenir de la crise postélectorale plane avant les législatives
L’élection présidentielle de fin octobre 2020 a laissé des traces en Côte d’Ivoire. En effet, à l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara, le 6 août, des manifestations ont éclaté à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, à l’appel des principaux partis politiques de l’opposition. Des villes de l’intérieur du pays ont également été touchées.
Pour Henri Konan Bédié, chef de file du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) il est clair que la Constitution n’autorise pas le président sortant, candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), à rêver d’un 3e mandat après ceux de 2010 et 2015. La crise électorale qui a secoué le pays a fait 84 morts et 484 blessés, selon le bilan officiel établi par le gouvernement ivoirien. Retranché dans l’hexagone, Guillaume Soro, ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne, était farouchement opposé à la candidature de son ancien mentor.
« Le bilan que nous tirons avec compassion et regret fait état de 85 morts dont 34 avant l’élection présidentielle, 20 pendant l’élection et 31 personnes décédées après les élections. Vous noterez aussi 484 blessés dont certains éléments des forces de défense et de sécurité », s’est exprimé Sidi Touré, le porte-parole du gouvernement le 11 novembre 2020, à l’issue d’un Conseil des ministres. À l’approche des élections législatives, le douloureux souvenir de la présidentielle hante encore les esprits d’une partie du peuple ivoirien qui était farouchement opposé à une candidature de l’ex-directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI).
Le chef de l’Etat, le jeudi 19 novembre 2020, lors d’une réunion du Conseil national de sécurité (CNS), a souhaité que les enquêtes portant sur ces événements soient accélérées afin que les responsabilités soient situées.
Ce que craint Vagondo à l’approche des législatives
La crise postélectorale de 2010-2011 a eu de lourdes conséquences en Côte d’Ivoire. Le bilan officiel annonce 3 000 morts. Près de dix ans plus tard, à l’occasion de l’élection présidentielle d’octobre 2020, une autre crise frappe le pays.
Vagondo Diomandé ne souhaite pas que la Côte d’Ivoire revive de tels moments douloureux dans son histoire. Il l’a fait savoir au cours d’un séminaire bilan de la police nationale, à Yamoussoukro (centre), le jeudi 11 février 2021.
Le ministre ivoirien a donc partagé ses craintes avec les éléments de la police nationale avant de leur faire comprendre qu’il faut tirer les leçons de la crise préélectorale et postélectorale de 2020. « Vous savez, nous avons retenu beaucoup de choses de l’élection présidentielle ; les manifestations d’un type nouveau auxquelles les forces n’étaient pas habituées, mais nous nous sommes outillés en conséquence », a-t-il continué avant de s’adresser au peuple ivoirien qui doit élire les députés.
« Je voudrais dire aux Ivoiriens, une élection, ce n’est pas l’occasion d’initier des affrontements ; c’est la libre expression de l’opinion politique de chacun ; c’est un droit dont chacun doit pouvoir jouir ; à partir de cet instant, à mon avis, l’élection ne doit pas être source de conflits », a ajouté Vagondo Diomandé.