Le général John Numbi, alors inspecteur général de la police en République démocratique du Congo (RDC) a-t-il donné l’ordre de tuer l’activiste Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana en juin 2010? C’est ce que croit la veuve Annie Chebeya.
Veuve Annie Chebeya appelle à l’arrestation du général John Numbi
Rebondissement dans l’affaire Chebeya-Bazana après les témoignages de deux policiers à visage decouvert dans une enquête de RFI sur l’assassinat des militants des droits de l’homme, Floribert Chebeya et Fidèle Bazana en 2010. Plus de dix ans après les faits, ils ont décidé de donner leurs versions et contacté plusieurs médias.
Annie Chebeya, la veuve de l’activiste Floribert Chebeya assassiné avec son chauffeur Fidèle Bazana en juin 2010, accuse l’ancien président Joseph Kabila d’être derrière le meurtre de son mari et réclame justice.
Pour la première fois, deux policiers affirment avoir participé à l’exécution du président de l’ONG La voix des sans-voix et de son chauffeur, Fidèle Bazana, le 1er juin 2010. Plus de dix ans après les faits, ils ont décidé de donner leurs versions et contacté plusieurs médias.
Hergile Ilunga et Alain Longwa disent avoir fait partie de la cellule mise sur pied par de hauts gradés de la police congolaise pour tuer Floribert Chebey, rapporte le média.
“Le général John Numbi n’était pas présent à l’Inspection générale de la police au moment du double assassinat, et les deux nouveaux témoins cités par RFI ne lui ont jamais directement parlé, mais ils ont vu le chef de l’opération, le major Christian Ngoy Kenga Kenga se rendre chez le général et revenir plus tard en donnant des ordres en son nom. Après le meurtre, Hergil Ilunga et Alain Kayeye disent également avoir été cachés dans les maisons de John Numbi, à Kinshasa et à Lubumbashi”, rapporte Rfi.
À les en croire, l’ordre est venu de John Numbi lui-même, qui était à l’époque l’inspecteur général de la police. Ilunga et Longwa disent avoir ensuite été exfiltrés de Kinshasa et réaffectés dans le Katanga où ils sont demeurés sous surveillance avant de parvenir à prendre la fuite. Depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, les chancelleries et notamment les États-Unis appelaient à ce qu’il soit démis de ses fonctions d’Inspecteur général de l’armée, le dernier poste qu’il a occupé.
Le 17 juillet 2020, explique Jeune Afrique, alors que beaucoup de généraux sous sanctions ont conservé un poste, voire bénéficié de promotions, l’inspecteur général des FARDC a été mis à l’écart lors d’un large remaniement effectué par Félix Tshisekedi au sein de l’armée congolaise. Le départ de ce très proche de Joseph Kabila était réclamé avec insistance par les États-Unis qui persistent à maintenir une forte pression sur le président. John Numbi, comme de nombreux autres officiers de l’armée, est en effet sous sanctions américaines, européennes et onusiennes depuis 2016.
Si Washington n’a pas manqué de saluer publiquement sa mise à l’écart, son cas crée des crispations au sein de la présidence congolaise. Floribert Chebeya, activiste des droits de l’homme, président de l’ONG la Voix des sans-voix a été retrouvé mort le 2 juin 2010 en périphérie de la capitale. La dépouille du défenseur des droits de l’homme a été transportée de l’hôpital général de Kinshasa au stade vélodrome où un hommage lui a été rendu suivi de son inhumation au cimetière de Gombe le 26 juin.