Henri Konan Bédié (HKB) ne veut rien lâcher dans le bras de fer qui l’oppose à Alassane Ouattara. Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a déjà exprimé son désir de voir Laurent Gbagbo rentrer en Côte d’Ivoire. Et pour cela, l’ex-chef d’État garde la pression sur son ancien allié.
Alassane Ouattara et Bédié, d’alliés à ennemis
Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ont été de solides alliés contre Laurent Gbagbo lors de l’élection présidentielle d’octobre 2010. Au second tour, le chef de file du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a soutenu le candidat du Rassemblement des républicains (RDR) qui était face au fondateur du Front populaire ivoirien (FPI). Victime d’un coup d’État le 24 décembre 1999, HKB avait réussi à se repositionner dans la classe politique ivoirienne après avoir été longtemps tenu sur la touche pendant son exil. Selon la Commission électorale indépendante (CEI), le président sortant avait été battu par Alassane Ouattara. Dans le même temps, le Conseil constitutionnel proclamait la victoire du parrain de Charles Blé Goudé, ex-secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI).
Malheureusement, la belle entente entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié n’a pas résisté aux intempéries de la vie. Pour le « sphinx » de Daoukro, son « frère » cadet lui a promis une alternance politique en 2020 en faveur du PDCI. L’actuel président ivoirien ne reconnait pas avoir fait une telle promesse. Tout ceci provoque une violente rupture entre les deux hommes politiques.
Gbagbo rêve de retrouver les siens à Abidjan
À l’issue de la crise postélectorale qui a frappé la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril 2011, a été transféré à la Cour pénale internationale (CPI) où il a été jugé pour crimes contre l’humanité. Au lendemain d’un procès marathon, l’homme qui s’est battu pour l’instauration du multipartisme en Côte d’Ivoire a été acquitté le 15 janvier 2019 par les juges de la CPI.
Établi en Belgique, Laurent Gbagbo, condamné par la justice ivoirienne à 20 ans de prison dans l’affaire de la casse de la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest), désire rentrer en Côte d’Ivoire. Depuis l’obtention de ses deux passeports, l’ancien chef de l’État montre davantage son envie de retrouver les siens. Mais du côté des autorités ivoiriennes assurent que le retour de l’époux de Simone Gbagbo ne dépend pas d’elles. « Je vous rappelle qu’il ( M. Gbagbo) est encore sous procédure d’appel au niveau de la Cour pénale internationale ( CPI) et pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, il y a une procédure judiciaire qui est aussi engagée à ce niveau. Donc son retour dépend de la justice, ça ne dépend pas du président Ouattara », expliquait Sidi Touré Tiémoko, le porte-parole du gouvernement de Côte d’Ivoire, après un Conseil des ministres.
Bédié entre en jeu pour le retour de Gbagbo
« Laurent Gbagbo a été acquitté et assigné à résidence dans le sens que ses mouvements ne pouvaient accéder un certain périmètre au-delà de Bruxelles. Tout ceci ayant été levé, il doit rentrer chez lui, il doit rentrer dans son pays. Et tout le monde, tous les partisans de son parti ainsi que la population ivoirienne souhaitent son retour », confiait HKB dans un entretien avec France 24.
Selon nos confrères de Jeune Afrique, Henri Konan Bédié fait du retour de Gbagbo l’une des conditions pour la reprise du dialogue avec Alassane Ouattara. Il dit attendre un « geste fort » de la part du président ivoirien. De son côté, précise notre source, le chef de l’État soutient que dans l’affaire Gbagbo, il préfère laisser la justice ivoirienne jouir de son indépendance.