Josep Borrell, humilié lors d’une visite catastrophique à Moscou, trois diplomates d’Allemagne, de Pologne et de Suède devront quitter la Russie, a indiqué, vendredi, le Kremlin, qui les accuse d’avoir participé à une manifestation en faveur de l’opposant incarcéré Alexeï Navalny. Ils sont déclarés persona non grata.
Josep Borrell et des diplomates européens persona non grata à Moscou
Moscou n’aura même pas attendu la fin de la visite du chef de la diplomatie de l’UE sur le sol russe. C’est au cours de sa réunion vendredi après-midi avec son homologue Sergueï Lavrov que Josep Borrell a appris que trois diplomates européens, un Allemand, un Polonais et un Suédois allaient être expulsés de Russie.
La diplomatie russe juge de « telles actions inacceptables et incompatibles avec leur statut diplomatique ». « La partie russe s’attend à ce qu’à l’avenir les missions diplomatiques du Royaume de Suède, de la République de Pologne et de la République fédérale d’Allemagne et leurs personnels respectent scrupuleusement les normes de droit international », a-t-elle poursuivi.
« Nous réfutons l’affirmation russe selon laquelle le diplomate a participé à la manifestation », a réagi le ministère suédois des Affaires étrangères. « Si la Fédération de Russie ne reconsidère pas cette mesure, elle ne restera pas sans réponse », a de son côté menacé dans un communiqué le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas.
La chancelière Angela Merkel a fustigé « une expulsion injustifiée », montrant selon elle « une facette supplémentaire de ce qui se passe actuellement en Russie et qui a peu à voir avec un État de droit », lors d’une conférence de presse conjointe avec Emmanuel Macron.
Un peu plus tôt, Josep Borrell et le diplomate russe avaient souligné leur volonté, malgré leurs différends, de travailler ensemble dans certains domaines, en citant la culture, la recherche, la santé, le Covid-19 ou encore le climat. Josep Borrell a félicité la Russie pour le vaccin Spoutnik V, qu’il a qualifié de « bonne nouvelle pour l’humanité ».
Josep Borrell a déclaré avoir échangé avec des représentants de la société civile russe, sans préciser lesquels. Avant son déplacement, il avait fait part de son souhait de rencontrer Alexeï Navalny mais avait reçu, sans surprise, une fin de non-recevoir côté russe. « Nous espérons que personne ne fera la bêtise de lier la perspective des relations Russie-UE au sort d’un résident d’un centre de détention », avait prévenu le porte-parole du Kremlin.