La Banque africaine de développement (BAD) qui a augmenté en 2019 son capital de 125 %, fait face à un retard des engagements pris par ses membres non-régionaux, la banque panafricaine perdrait sa triple A mais à la longue, aussi son statut de chef de file du financement du développement en Afrique.
Augmentation du capital de la BAD: La France, les États-Unis, la Grande Bretagne et le Canada reculent
Révélations exclusives du Financial Afrik qui annonce que “ la France, les Etats-Unis, la Grande Bretagne et le Canada se font désirer dans une augmentation de capital de la BAD dont la concrétisation devient au fil des jours une condition nécessaire pour sauver la note triple A de la banque et, aussi, lui permettre de faire face à ses engagements”.
En effet, souligne le site spécialisé, seuls 16 pays sur 81 avaient libéré les 7% de leur quote part au 30 novembre 2020.
“Les pays membres régionaux qui ont libéré leurs engagements sont le Nigeria, le Sénégal, le Maroc, le Bénin, l’Erythrée, le Burkina Faso, le Kenya, le Lesotho, le Rwanda et la Libye. En outre, 6 pays non régionaux ont libéré leurs parts. Il s’agit de l’Allemagne, de l’Inde, de l’Italie, de la Norvège, de l’Arabie saoudite et de l’Espagne”, précise le média..
C’est « un jour historique » pour la Banque et « un jour de joie pour l’Afrique », déclarait le président de la BAD, le Nigérian Akinwumi Adesina, en annonçant en 2019 cette augmentation de « 125 % » du capital lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion des gouverneurs à Abidjan, où siège l’institution. Le capital de la BAD va monter « de 93 à 208 milliards de dollars » sur dix ans, « de 2020 à 2030 », a précisé M. Adesina.
Cette augmentation de capital va « nous donner beaucoup de ressources pour aller plus loin dans le développement de notre continent », s’est-il réjoui. Plus d’un an après, cette bonne nouvelle saluée par les dirigeants de la BAD, tarde encore à être effective. Les Etats qui s’étaient engagés à joindre le versement à la souscription pour au plus tard mars 2020 se livrent à une course de lenteur qui ne dit pas son nom.
Le fait que les pays traînent les pieds est d’autant plus étonnant que les actionnaires, régionaux comme non régionaux, avaient voté à 100% pour la réélection du président Akinwumi Adesina, en août 2020. Au vu des hésitations des pays majeurs à honorer leurs engagements, certains observateurs se demandent si la crise des lanceurs d’alerte est vraiment terminée.
Suite à la dégradation de la note du Canada, la banque africaine a dû réduire ses concours de 25% pour observer le fameux ratio Fitch des engagements sur fonds propres élargis au capital appelable. Cet ajustement mécanique n’au pas suffi puisque dès juillet 2020 l’abaissement de la perspective américaine est venue compliquer la donne. L’Oncle Sam fournit 9 milliards d’UC à la BAD. En définitive, la banque de développement basée à Abidjan doit ramener ses engagements à 3,2 milliards UC sur la période 2020-2030 pour satisfaire au ratio Fitch, condition nécessaire à la conservation de la note triple A. Seulement, un tel niveau d’engagement, outre qu’il revient à faire courir à l’institution un risque de réputation (revenir sur les projets approuvés n’est jamais un signe de bonne santé), serait nettement inférieur à la moyenne des 3,6 milliards UC (soit 5 milliards de dollars) observée sur la période 2010-2019, ajoute Financil Afrik.
En attendant, il convient de le dire, la notation intrinsèque de la BAD, est passée de «aa » à «aa-» lors de la revue de Fitch en juillet dernier. L’agence de notation avait au final reconduit la note globale triple A en tenant compte de l’engagement des actionnaires, notamment du Nigeria, et non des seuls fonds propres intrinsèques de la banque.