Arrêtée en août 2020 après avoir lancé un appel à manifester contre la candidature à un troisième mandat présidentiel du président Alassane Ouattara, Pulchérie Gbalet reste détenue, 5 mois après son arrestation.
Ignorée dans les libérations d’opposants, que reproche réellement le pouvoir Ouattara à Pulchérie Gbalet?
Poursuivi pour une trentaine de chefs d’accusation, dont « complot contre l’autorité de l’État », Pascal Affi N’guessan a été libéré fin décembre 2020 et ‘’mis sous contrôle judiciaire’’ à l’issue d’une audition devant le juge d’instruction de la cellule judiciaire spéciale. Après avoir appelé ses militants à la désobéissance civile et au boycott de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, l’opposition, avec à sa tête Henri Konan Bédié, avait mis en place un conseil national dit de transition (CNT) en vue de remplacer le président Alassane Ouattara, pourtant réélu à plus de 94% des voix.
La création du CNT avait suscité le courroux du pouvoir Ouattara au point d’ériger un blocus policier devant la résidence du président du PDCI et d’autres leaders de l’opposition. Si Albert Mabri Toikeusse, président de l’UDPCI, avait, lui, réussi à s’échapper, Pascal Affi N’guessan, Maurice Kakou Guikahué et N’Dri Narcisse, eux, ont été mis aux arrêts puis placés sous mandat de dépôt. Heureusement pour eux, après deux mois de détention, ils sont désormais libres de tous leurs mouvements, même s’ils restent sous contrôle judiciaire comme l’ancien Premier ministre Affi N’guessan.
La décision de les libérer après un bras de fer avec le régime, est le résultat du dialogue politique initié par le chef de l’Etat avec l’opposition en vue d’une décrispation de la vie socio-politique ivoirienne devenue délétère à la faveur de la présidentielle controversée d’octobre 2020. Si les libérations d’Affi N’guessan, de Maurice Kakou Guikahué et d’autres cadres de l’opposition, sont fortement saluées par l’opinion, il reste que la majorité se demande encore pourquoi l’activiste de la société civile, Pulchérie Gbalet, arrêtée en août 2020 pour avoir appelé à manifester pacifiquement contre la candidature du Président Alassane Ouattara à un troisième mandat, demeure en prison malgré tous les appels à sa libération.
«Pulchérie est aujourd’hui arbitrairement détenue par les autorités ivoiriennes. Elle symbolise la répression des voix dissidentes en Côte d’Ivoire. Pulchérie est la présidente d’Alternative Citoyenne Ivoirienne – ACI qui est une organisation de la société civile. Militante des droits humains, elle lutte contre les injustices sociales. Pulchérie Edith Gbalet doit être immédiatement libérée et sans condition. Elle doit retourner auprès de sa famille saine et sauve et pouvoir continuer avec son légitime travail d’activiste », interpelait, en décembre 2020, l’organisation de défense des Droits de l’Homme, Amnesty International.
Un appel resté jusque là sans effet sur le pouvoir d’Abidjan qui continue de détenir Pulchérie Gbalet, au point de se demander si le régime Ouattara a-t-il un problème particulier avec cette dernière. Car, comment comprendre qu’au moment où sont mis en liberté les principaux acteurs politiques, à la base de la désobéissance civile et du boycott actif du scrutin présidentiel du 31 octobre 2020 qui a occasionné plus de 85 morts, des centaines de blessés et d’importants dégâts matériels, l’activiste de la société civile, elle, demeure derrière les barreaux; et ce, après son licenciement on ne peut plus abusive de son poste au Bureau National d’Études Techniques et de Développement (BNETD)?