Sale temps pour Guillaume Soro depuis sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale ivoirienne en février 2019.
Que pense réellement Guillaume Soro des défections d’Alphonse Soro et de Mme Thérèse Ouattara?
« À cet instant précis, je rends ma démission du poste de président de l’Assemblée nationale ». C’est en ces termes que Guillaume Soro a annoncé sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire le 8 février 2019.
Ce jour-là, l’ancien chef rebelle évoquait une mésentente entre lui et le président de la République Alassane Ouattara au sujet de son adhésion au RHDP (parti au pouvoir ).
« Il a été question de mon positionnement idéologique par rapport au RHDP (…) J’étais face à un dilemme. Trahir mes convictions, donc sauver un poste confortable ou descendre de mon piédestal et rendre ma démission de mes fonctions, afin de pouvoir me regarder dans une glace », dira-t-il.
En fin de compte, Guillaume Soro avait préféré démissionner avant de s’envoler quelques semaines plus tard pour la France.
Après plusieurs mois passés à l’étranger, celui qui a été successivement Premier ministre de Laurent Gbagbo et du président Alassane Ouattara, décide de rentrer en Côte d’Ivoire en décembre 2019 pour lancer sa campagne électorale car il s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020.
Mais son retour prévu le 23 décembre 2019 échoue. Son avion est dérouté vers Accra (Ghana ) à cause d’un impressionnant dispositif policier mis en place à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan pour le cueillir. Son retour à Abidjan ayant manqué, plusieurs de ses proches dont le député Alain Lobognon, sont arrêtés pour trouble à l’ordre public, et incarcérés.
D’autres, plus chanceux, prennent le chemin de l’exil. Finalement, après avoir été écarté de la présidentielle et vu la réélection du président Alassane Ouattara, beaucoup de ses (ex) compagnons de lutte tentent de se « réconcilier » avec leur formation politique d’origine, le RHDP, et faire amende honorable.
Ça été d’abord le cas de Méité Sindou qui a rejoint le camp Ouattara; ensuite le député Soro Kanigui, sorti de prison et qui a mis son mouvement, le RACI, au service du président candidat Alassane Ouattara. Depuis, la saignée continue dans le camp Soro.
Le samedi 16 janvier 2021, ce sont deux autres proches et grands soutiens que Guillaume Soro a perdus. En effet, Alphonse Soro, le président du mouvement ANC (Alliance Nationale pour le Changement) qui avait démissionné avec fracas de son poste de Conseiller à la Primature sous feu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, a annoncé la fin de sa collaboration avec le mouvement politique de Guillaume Soro, dénommé GPS (Générations et peuples solidaires).
« En l’absence pour l’heure d’une offre politique susceptible de sauvegarder et de poursuivre la dynamique de développement entamée par le Président Alassane OUATTARA ; l ‘Alliance Nationale pour le Changement (ANC) annonce la fin de toute collaboration avec le mouvement citoyen GPS (…) Donne mandat à son Président à l’effet d’entreprendre toutes les discussions nécessaires en vue d’une alliance avec le Rhdp pour la construction d’une grande famille politique autour du Président de la République Alassane OUATTARA », a annoncé, samedi, le parti politique d’Alphonse Soro.
Après lui, et un peu plus tard dans la soirée, ce fût au tour d’une certaine Thérèse Ouattara, présidente de Force démocratique de Côte d’Ivoire (FDCI), de, elle aussi, annoncer la fin de sa collaboration avec Guillaume Soro, toujours avançant les mêmes arguments qu’Alphonse Soro.
Mais que pense réellement Guillaume Soro lui-même de toutes ces défections au sein de son camp? Sur Twitter, l’ancien chef de la rébellion armée de 2002 donne une idée de son état d’esprit depuis son exil en Europe.
« C’est l’hiver en Europe. C’est la neige qui tombe. Dans le lointain, l’arbre est dégarni. Et viendra le printemps. L’arbre verdira. A bientôt! », a écrit l’ex filleul d’Alassane Ouattara. Comme pour dire qu’il n’est nullement ébranlé par tous ces départs de ses proches.
Mieux, l’ancien leader de la FESCI (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire) reste convaincu que son avenir politique sera encore plus radieux.