Au Gabon, les derniers espoirs d’une reconnaissance à l’internationale de l’opposant Jean Ping, qui conteste la légitimité du président Ali Bongo, ont volé en éclats. L’ Union européenne, l’un de ses derniers soutiens, s’est résolue a tourné définitivement la page de l’élection présidentielle de 2016 dans le pays, dont s’autoproclame vainqueur l’ex-président de la Commission de l’Union africaine.
Pourquoi l’ UE a définitivement lâché Jean Ping pour Ali Bongo
C’est un cinglant revers pour l’opposant Jean Ping, qui voit définitivement s’envoler ses derniers espoirs d’une probable reconnaissance de sa supposée victoire au scrutin présidentiel de 2016. L’ Union européenne, l’un de ses derniers soutiens dans le bras de fer qu’il entretenait avec les autorités gabonaises, lui a définitivement tourné le dos au profit d’un réchauffement de ses relations bilatérales avec le pays. Lesquelles relations avaient été refroidies au lendemain de la proclamation des résultats de la présidentielle de 2016, à l’issue de laquelle l’opposant Jean Ping ne cesse de réclamer la victoire.
À en croire un diplomate étranger en fonction dans le pays, ce revirement de l’Institution européenne est la conséquence directe de bons points engrangés par le gouvernement Bongo, notamment dans les opérations de maintien de la paix sur la scène continentale, ainsi qu’au niveau international où « son implication en faveur du climat est sans équivalent » sur le continent. Autre point qui aurait fait pencher la balance en faveur du président Ali Bongo et de son gouvernement, ce sont les actions menées en faveur de la promotion des femmes. « C’est un sujet important pour nous », confesse, à Lalibreville, une diplomate au sein du Service européen d’action extérieure de l’UE.
« En Afrique subsaharienne, le Gabon est, avec l’Éthiopie et le Rwanda, l’un des trois pays les plus avancés sur ce plan », souligne-t-elle. Outre la question du respect des droits de l’homme et de la promotion du genre, certains observateurs de la vie politique gabonaise estiment que l’ Union européenne n’a vraisemblablement pas eu le choix, dans la mesure où elle se voyait déborder tant sur le plateau économique que diplomatique par certains concurrents directs.
« En campant sur des positions pas toujours bien comprises au-delà de l’Occident, l’UE a pris le risque de se voir déborder par les États-Unis, la Chine, la Russie, mais aussi les pays d’Asie du Sud-est et du Moyen-Orient qui ont renforcé leurs positions ces dernières années dans le pays, tant d’un point de vue diplomatique qu’économique. L’UE a donc été contrainte d’en rabattre au risque d’accélérer sa perte d’influence », explique un expert au sein de la Brookings Institution, un grand think tank américain.
« À deux ans et demi de la prochaine présidentielle, cela n’aurait aucun sens. L’opposition gabonaise désormais doit regarder à travers le pare-brise et non plus dans le rétroviseur », conseille pour sa part un diplomate au sein de la Division Afrique centrale du Quai d’Orsay. La nouvelle posture de l’Union européenne apparait donc comme un cinglant désaveu pour l’opposant Jean Ping qui, 5 ans après, continue de réclamer une hypothétique victoire face au président Ali Bongo, à quelques 2 ans et demi de la prochaine élection présidentielle dans le pays.