Guillaume Soro n’est plus en odeur de sainteté avec Alassane Ouattara depuis bien longtemps. L’ancien chef de l’Assemblée nationale ivoirienne qui se voyait un destin présidentiel vit en exil dans l’hexagone après un retour manqué à Abidjan le 23 décembre 2019. Le député de Ferké, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, a été condamné à 20 ans de prison pour recel de biens publics détournés et de blanchiment de capitaux. El Hadj Mamadou Traoré, l’un de ses fidèles lieutenants, a livré une information sur un grave danger qui pèserait sur son mentor.
Ouattara-Guillaume Soro, de l’amour à la haine
Qui aurait pensé qu’Alassane Ouattara et Guillaume Soro auraient pu devenir à ce point ennemis jurés ? Le député de Ferké faisait partie du cercle très restreint de l’actuel président ivoirien. L’ancien chef rebelle a d’ailleurs joué un rôle majeur dans l’accession au pouvoir du candidat du RDR (Rassemblement des républicains) en 2010 dans un duel historique entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo.
Le chef de l’État a toujours exprimé sa gratitude envers son « fils » Guillaume Soro comme cela a été le cas en juillet 2013 lors d’un meeting à Ferké, la ville natale de ce dernier. « Je voudrais rendre hommage à Guillaume Soro pour le combat qu’il a mené, pour son courage et sa fidélité (…) Quand nous étions enfermés au Golf, Guillaume Soro a fait une déclaration émouvante pour dire : au nom de ma foi chrétienne, je dis que c’est Alassane qui a gagné les élections », avait laissé entendre le chef de file du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix).
Cependant, Guillaume Soro, confortablement installé dans le fauteuil de président de l’Assemblée nationale, va se braquer contre son mentor quand celui-ci lui demande de rejoindre la grande famille des houphouëtistes. L’ex-secrétaire général de la FESCI (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire) reste ferme sur sa décision. Le 8 février 2019, le natif de Kofiplé n’hésite pas à quitter la tête de l’hémicycle qu’il occupait depuis le 12 mars 2012. Pour la première fois dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, un président de l’Assemblée nationale démissionne. Ainsi, la belle page de l’amour entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro se tourne.
Guillaume Soro doit-il craindre pour sa vie ?
Depuis le 23 décembre 2019, Guillaume Soro a entamé un exil dans l’hexagone. Après avoir annoncé sa candidature à l’élection présidentielle du samedi 31 octobre 2020, il avait voulu rentrer en Côte d’Ivoire dans le but de lancer sa campagne électorale. Mais le fondateur du mouvement politique Générations et peuples solidaires (GPS) n’a pu fouler le sol ivoirien. Tout est allé si vite : certains de ses proches ont été mis aux arrêts et un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui par les autorités ivoiriennes. Il était accusé de tentative de déstabilisation de l’Etat.
Dans une interview accordée à Le Monde en octobre 2020, Alassane Ouattara avait fait une sortie fracassante contre son ancien filleul. « Pour lui, ce sera la prison. Il n’y a aucun doute là-dessus. Il mérite la prison à perpétuité pour ce qu’il a fait », a laissé entendre le président ivoirien. « Après les mutineries de 2017, on a trouvé des tonnes d’armes chez lui. Puis nous en avons trouvé au siège de son parti. En quoi un président de l’Assemblée nationale a-t-il besoin d’avoir des lance-roquettes au siège de son parti ? Il y avait une organisation en vue d’effectuer un coup d’État », a enfoncé Alassane Ouattara.
Quelques mois après ces propos du patron du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, El Hadj Mamadou Traoré a fait une révélation troublante. Selon ce cadre de GPS, la vie de son mentor serait menacée. Dans une publication sur sa page Facebook, il a dévoilé que des « tueurs » et des « barbouzes » ont été mis aux trousses de Guillaume Soro.
« Il fallait également faire en sorte qu’il ne participe à aucune élection en Côte d’Ivoire et le pousser à l’exil. Non content de cela, il fallait mettre ses lieutenants et ses frères de sang en prison afin que de lui casser le moral. Enfin, il fallait mettre à ses trousses des tueurs, des barbouzes pour qu’ils mettent définitivement fin à sa vie. Car Guillaume Soro vivant et en liberté est un danger permanent pour le gourou du Restaurant », a déclaré El Hadj Mamadou Traoré.