Edith Pulchérie Gbalet, figure emblématique de la contestation contre la candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat, arrêtée à Abidjan dans la nuit du 15 au 16 août 2020, puis écrouée à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) trois jours plus tard, dit ses quatre vérités à l’opposition et au gouvernement ivoiriens dans un profond message de nouvel an.
Pulchérie Gbalet charge l’opposition: « Arrêtons de légitimer l’imposture et soyons constants dans la lutte »
La présidente du mouvement Alternative citoyenne ivoirienne (ACI), placée sous mandat de dépôt depuis août 2020, dresse le bilan de l’année 2020, par l’entremise de Donald GAHIÉ, son Porte-Parole, dans une lettre inédite rendue publique le 31 décembre 2020. Extrait.
« Mes chers compatriotes épris de paix et de justice, je voudrais, comme le veut la tradition, vous adresser mes vœux de santé, de succès et de prospérité, à l’aube de cette année nouvelle. 2020 a été une année difficile, avec la crise de la covid19 et ses corollaires et un processus électoral conflictogène qui a occasionné des centaines de blessés, ainsi que de très nombreuses pertes en vies humaines et des emprisonnements arbitraires.
Beaucoup de choses auraient pu être évitées si…
Je voudrais m’incliner devant la mémoire de nos disparus et souhaiter beaucoup de courage à ceux qui porteront à jamais les séquelles physiques et morales (psychologiques) découlant de ces violences pré et post-électorales.
Beaucoup de choses auraient pu être évitées si les autorités avaient su rester dans la droite ligne du respect des textes que nous nous sommes donnés, des engagements pris et surtout si nous avions privilégié le dialogue.
Rester déterminés dans l’epreuve pour continuer la lutte
La situation que traverse notre pays et les entraves faites à nos actions ne doivent pas nous pousser au découragement. Pour ce qui nous concerne, notre combat pacifique pour la justice, la vérité, le respect de nos lois et des principes démocratiques se poursuit et nous n’avons à aucun moment eu de doutes quant à son aboutissement heureux. Restons donc unis et déterminés dans l’épreuve.
Regardons-nous avec amour et tolérance pour tous. Permettez-moi de saisir cette occasion pour dire qu’il faut que pour une fois l’opposition arrête de se laisser duper par le pouvoir en place qui n’a jamais respecté les principes d’un vrai dialogue et aussi par un Président qui n’est pas un homme de parole.
Peuple de Côte d’Ivoire, chaque fois que le pouvoir en place veut organiser un passage en force, il organise un simulacre de dialogue.
Pulchérie Gbalet: « Aller à ces législatives, c’est valider ce 3ème mandat inconstitutionnel »
Nous prions chaque ivoirien de ne plus se laisser avoir en participant à ces législatives dont les résultats sont connus d’avance.
Arrêtons de légitimer l’imposture et soyons constants dans la lutte. Aller à ces législatives, c’est valider ce 3ème mandat inconstitutionnel. Fiers ivoiriens, soyons une société civile forte et tirons les leçons du passé pour un avenir meilleur, afin que tous ceux qui aspirent à gouverner ce pays pensent prioritairement aux intérêts du peuple et non à leurs intérêts égocentriques.
Les leçons à tirer de la crise
Ces leçons essentielles sont de bannir en Côte d’Ivoire :
• la catégorisation des ivoiriens et la création des partis politiques sur des bases ethniques ou de mener des combats a consonnance ethnique ;
• la prise du pouvoir par les armes ;
• les alliances politiques contre nature pour des intérêts égocentriques de partage de gâteau. • le tripatouillage de la constitution et du code électoral avec l’introduction de la Vice-présidence, le fait de faire sauter la limitation d’âge, la suppression du bulletin de santé dans les dossiers des candidats à la présidentielle, les parrainages etc…
• la partialité de la justice et le non-respect de la séparation des pouvoirs.
Pulchérie Gbalet : « Travailler à la libération de la démocratie »
Je souhaite que 2021 soit pour la Côte d’Ivoire une année de renouveau, à travers un Gouvernement de transition qui fera une priorité de la bonne gouvernance, l’État de droit et la réconciliation des ivoiriens.
Cela ne saurait être possible avec une race de dirigeants corrompus.
Peuple de Côte d’Ivoire, ne baissons pas les bras et continuons de travailler à la libération de la démocratie, la justice et la paix dans notre pays.
Accomplissons notre devoir défini dans notre hymne national qui est celui d’être « un modèle de l’espérance promise à l’humanité ». C’est une lourde responsabilité que nous n’avons pas le droit de trahir. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.
Bonne et heureuse année 2021 à toutes et à tous ! »
Pour Pulcherie Edith GBALET, Présidente de Alternative Citoyenne Ivoirienne,
Donald GAHIÉ, Son Porte-Parole