Une attaque menée dans la nuit du dimanche à lundi à Guezon, localité située dans le département de Duékoué, et attribuée aux Dozo, chasseurs traditionnels très présents dans l’Ouest ivoirien, a fait au moins huit morts dont un bébé, plusieurs blessés et des dizaines de maisons incendiées.
Duekoué: Après Guitrozon et Nahibly, nouveau bain de sang à Guezon
Nuit de terreur dimanche 27 décembre 2020 dans la commune de Guezon dans la région du Guemon. Une rixe entre un autochtone guéré et un Dozo au cours de laquelle le chasseur a été grièvement blessé, s’est muée en violence généralisée.
En effet, dans l’après-midi du dimanche, les deux principaux protagonistes qui entretenaient déjà un antécédant en cours de règlement sur la table du sous-préfet de la localité, vont en venir aux mains après que le Dozo a interpellé publiquement et de manière vulgaire un jeune autochtone, selon plusieurs témoignages concordants.
Blessé, le Dozo est évacué d’urgence à l’hôpital général de Yamoussoukro mais succombe de ses blessures. Pour se venger, les dozos vont mener vers 20 h, une expédition punitive sur le village de Guezon, qui va s’avérer fatale pour les populations.
La bourgade est vite assaillie, plusieurs maisons sont incendiées, des biens pris pour cible. C’est dans ce méli-mélo qu’une femme voulant se mettre à l’abri, va recevoir dans le dos une décharge de chevrotine alors qu’elle portait au dos son bébé qui succombe. La mère, selon notre source, qui s’en sort avec quelques blessures, est en observation à l’hôpital de Duékoué.
Le bilan provisoire de l’attaque est sans appel. 05 morts, plusieurs blessés, des personnes disparues, une cinquantaine d’habitations incendiées; des populations en fuite. Guezon, Guitrozon ou encore l’attaque du camp de Nahibly dans le département de Duékoué, épicentre des tueries massives lors de la crise postélectorale de 2010-2011, rappellent la situation délétère d’une région en proie aux violences communautaires répétées.
Sept personnes ont trouvé la mort (par balles et par incendie), le 20 juillet 2012, dans l’enceinte du camp des personnes déplacées de Nahibly, situé à la sortie de la ville de Duékoué. L’attaque aurait été un acte de représailles suite au meurtre de quatre personnes la veille dans le quartier de Kokoman, l’un des quartiers Malinké de la ville, par une bande de miliciens/coupeurs de route qui utilisaient le camp de déplacés comme sanctuaire pour s’y dissimuler.
Dans la région du Guemon comme dans tout l’Ouest ivoirien, d’anciens conflits fonciers latents et de vieux règlements de comptes menacent cette partie de la Côte d’Ivoire, 10 ans après l’accession à la magistrature suprême d’Alassane Ouattara qui a décidé de faire de la réconciliation nationale, une priorité de son 3è mandat, en créant un département ministériel en charge de la question.
En attendant que l’État consente à se pencher sur ce problème de fond dans la région, le nom de Duékoué est tragiquement devenu synonyme des violences de plus en plus meurtrières. Et ses « 53 villages d’autochtones pour 5 000 campements d’allogènes et d’allochtones », selon J.A, vivent encore aujourd’hui dans une totale méfiance.