La dictée, une des épreuves écrites, qui permettait d’évaluer le niveau de langue des élèves lors des compositions à l’école, a été supprimée du système scolaire ivoirien au profit d’une autre épreuve qui consiste à donner des phrases truffées de fautes, qu’il appartient à l’apprenant de mettre en ordre. Ce qui n’est pas du goût de certains parents d’élèves. Dans la contribution ci-dessous, Isaac Tapé, se disant Fils d’instituteur et parent d’élèves, interpelle le président de la République, Alassane OUATTARA, sur la suppression de la dictée à l’école, qu’il demande de ramener.
« Monsieur le Président, ramenez-nous notre dictée »
« Quand les clameurs se seront tues sur la classification des Républiques et le dénombrement des mandats, quand la paix vous sera revenue pour que se noue celle du pays, et bien avant que n’advienne la réconciliation avec vos congénères si un jour elle advient, je voudrais que vous vous épanchiez de toute votre puissance sur le cas de notre école.
Pas sur ses murs défraîchis, pas sur la surcharge des classes qui interdira bientôt aux enseignants eux-même d’y avoir accès, pas sur le recrutement des instituteurs qu’on enrôle comme des soldats de rang, mais sur ses objectifs. À quoi assigne-t-on aujourd’hui notre école pour que sa Dictée lui soit enlevée?
Monsieur Amani lui en avait voulu terriblement pour sa difficulté, mais il n’avait pas osé. Qui n’a pas eu sa sueur froide à l’idée de l’affronter? Elle vous contraint à aller à la rencontre des mots et de tous les mots. Elle vous oblige à l’affinement de l’esprit pour que le son ne soit pas votre seul conseil pour décider de quel mot il s’agit.
Elle tord votre esprit au respect de règles bien alambiquées comme on obéit à des lois. Elle vous oblige à l’écoute et à la mémoire. En fait, c’est un vrai supplice. Mais, elle prépare l’homme et la femme de demain. Et je n’ose pas croire que cette difficulté ait été prise pour un crime pour en arriver à faire de notre école un laboratoire de son où la liberté est donnée à nos enfants d’écrire « fame » au lieu de « femme » ou « ri »au lieu de « riz ».
Monsieur le Président, demandez à votre ministre de nous dire pourquoi elle a supprimé notre DICTÉE ou alors de nous la ramener. Je vous en supplie comme Claude Gueux a supplié le Directeur de prison de lui ramener son compagnon de cellule Albin. Cela a été une question de vie ou de mort pour Claude Gueux, ça l’est pour nous qui ne pouvons pas extraire nos enfants de cette école de la République, seul parachute de vie pour nous. La liberté, oui pour nos enfants.
Mais pas la liberté d’être détruits et de n’apprendre à respecter aucune règle. La liberté, oui. Mais pas la liberté de devenir la risée des autres demain. À la rigidité le Directeur de prison avait ajouté la résolution comme on rajoute une faucille à une manche, mais vous, vous êtes Président et vous pouvez faire preuve d’autres qualités. Nous vous saurions donc infiniment gré de nous ramener NOTRE DICTÉE.
Très Respectueusement !!!
Zab Flavien Gnizako Sery Djatty Ble Kouakou Anzoua Abissa Sylvestre Konin Laurent Dogbo Nahounou Georges Dogbo Eric Akpa venez voir ici!! Zadi Zaourou, Tiburce Koffi, Tapé Gnahoré Raphaël, venez voir ici!!!
Isaac Tapé
Fils d’instituteur et parent d’élèves.