Mercredi 23 décembre 2020. Cela fait exactement un an que Guillaume Soro, à bord d’un avion en provenance de la France, a été obligé de dérouter son appareil pour le Ghana. Ce jour-là, le fondateur de Générations et peuples solidaires (GPS) ne foule pas le sol ivoirien. D’Accra, il s’envole pour la France et entame un exil, loin de la terre de ses ancêtres. Des proches du député de Ferké sont interpellés. Les soroistes se rappellent cette date qui porte un aspect particulier.
Il y a un an, Guillaume Soro défiait Ouattara
Le 8 février 2019, la crise entre Alassane Ouattara et son « fils » Guillaume Soro a atteint son paroxysme avec la démission du député de Ferké de la tête de l’Assemblée nationale. En effet, l’ancien chef rebelle refusait de rejoindre le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) malgré les injonctions du président ivoirien.
« Oui, j’ai choisi de ne pas m’engager au sein du RHDP unifié. Ainsi, je n’ai point pris part au congrès ordinaire du 26 janvier dernier au stade Félix-Houphouët-Boigny. Grave erreur ! Grave faute ! Ont tôt fait de clamer certains de mes compères. Mais voyez-vous je suis homme à croire plus au jugement de l’histoire qu’au jugement des hommes », a martelé Guillaume Soro dans son discours d’adieu devant les députés. Le natif de Kofiplé a décidé de sacrifier son poste pour la paix en Côte d’Ivoire, a-t-il fait savoir.
Le départ de Guillaume Soro de la présidence de l’Assemblée nationale a consacré la rupture entre lui et son ancien mentor. En tournant le dos à Alassane Ouattara, il s’engage à conquérir le fauteuil présidentiel. « Je libère le tabouret pour aller chercher le fauteuil », s’est-il plu à lancer. C’est en Espagne, notamment à Valence, que le samedi 12 octobre 2019, Guillaume Soro annonce sa candidature à la présidentielle.
« Plusieurs partis pro-Soro m’ont déjà choisi comme leur candidat, alors oui, je serai candidat », s’était-il exprimé. « Chacun va se présenter au premier tour en 2020. Maintenant si je gagne au premier tour, honnêtement, je serai content. Mais s’il y a un second tour, c’est là, tous les partis de l’opposition vont se réunir pour soutenir le candidat de l’opposition qui aura obtenu le plus de points », avait ajouté Guillaume Soro.
Guillaume Soro, indésirable en Côte d’Ivoire
Engagé dans le combat pour la conquête du pouvoir d’État, Guillaume Soro, appuyé par Générations et peuples solidaires, son mouvement politique décide de rentrer en Côte d’Ivoire après un long séjour dans l’hexagone. Le 23 décembre 2019, le leader des soroistes embarque dans un avion en provenance de la France.
Les membres de GPS, impatients de le revoir, se préparent à lui réserver un accueil chaleureux et inoubliable. Mais tout se complique lorsque l’appareil transportant le député de Ferké est interdit d’atterrir sur le sol ivoirien. L’ancien secrétaire général de la FESCI (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire) ne retrouve pas les siens et est même obligé de mettre pied à terre au Ghana.
Tout se complique pour les proches de Guillaume Soro réunis au siège de GPS sis à la Riviera Golf. Des cadres sont mis aux arrêts pour trouble à l’ordre public. Il s’agit de Simon Soro, Alain Lobognon, Soro Kanigui, Koné Kamaraté Souleymane dit Soul To Soul, Koné Tehfour, Félicien Sekongo, mais également Soumahoro Kando et Yao Soumaïla. Dans la foulée, on apprend qu’un mandat d’arrêt international est lancé contre Guillaume Soro par les autorités ivoiriennes qui l’accusent de tentative de déstabilisation du régime d’Alassane Ouattara.
Mercredi 23 décembre 2020, Guillaume Soro s’est souvenu de cette folle journée où plusieurs de ses proches ont été arrêtés. « Le 23 décembre 2019 ! Quand le régime Ouattara portait des coups de canifs dans l’âme de la démocratie en Côte d’Ivoire. Ce jour-là ! Les premiers miliciens encagoulés firent leurs premières victimes. Aujourd’hui 23 décembre 2020 GPS a survécu ! », a-t-il écrit sur Twitter. En définitive, la date du 23 décembre 2019 qui devait sceller le retour triomphal de Guillaume Soro à Abidjan, est devenue plutôt un moment de douleur pour les soroistes.