Hissène Habré a été condamné à vie pour « crime de guerre et crimes contre l’humanité » par la CAE. Mais les victimes de l’ancien dictateur tchadien n’entendent pas en rester là. Leurs avocats demandent réparation de tous les préjudices qu’elles ont subis.
Les victimes d’Hissène Habré toujours en attente des indemnisations promises
Jeudi 27 avril 2017, par les Chambres africaines extraordinaires (CAE) reconnaissait Hissène Habré coupable « de crimes contre l’humanité, de viol, d’esclavage forcé, d’homicide volontaire, de pratique massive et systématique d’exécutions sommaires, d’enlèvement de personnes suivi de leur disparition, de tortures et d’actes inhumains ». Aussi, le verdict du juge burkinabè Gberdao Gustave Kam était-il on ne peut plus lourd pour l’ancien homme fort de N’Djamena.
L’appel interjeté par l’ex-président tchadien sur une condamnation à perpétuité. Cette condamnation était également assortie d’une peine pécuniaire, notamment une indemnisation portant sur la somme de 82 milliards de francs CFA (125 millions d’euros) à verser aux victimes. La Cour criminelle tchadienne avait d’ailleurs donné le ton, le 25 mars 2015, en condamnant des proches d’Hissène Habré au paiement de 75 milliards de francs CFA (114 millions d’euros) à 7 000 victimes. Une moitié étant à la charge des complices de Habré, et l’autre moitié devant être payée par l’État tchadien.
De même, cette indemnisation devait être effectuée par le biais d’un Fonds fiduciaire, qui a pour mission de chercher, d’identifier et de saisir les biens de Hissène Habré, ainsi que de solliciter des contributions volontaires, afin de verser les réparations allouées.
« Le moment viendra où les vivants et les morts seront indemnisés par le gouvernement de la République du Tchad », avait rassuré le président Idriss Déby Itno au lendemain de l’arrestation de son prédécesseur. Mais en dépit de toutes ces déclarations de bonnes intentions, les victimes sont toujours à attendre les réparations des préjudices subis, ainsi que les indemnisations à elles promises.
Lasse d’attendre, Me Jacqueline Moudeïna est alors montée au créneau pour faire entendre la voix de ses clients. « Nous nous sommes battus aux côtés des victimes pendant des décennies pour obtenir ces jugements contre notre dictateur et ses sbires. Aujourd’hui, l’Union africaine et notre propre gouvernement nous forcent à nous battre encore pour que ces jugements soient enfin exécutés », a déploré l’avocate des victimes.
La défense des victimes n’entend, pour autant, pas en rester là. À travers la saisine de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), ces victimes entendent pousser le Tchadien Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine, à oeuvrer à la célérité dans le dossier de dédommagement des victimes d’Hissène Habré.