Henri Konan Bédié demeure pour l’heure silencieux depuis la nomination de son « fils » Kouadio Konan Bertin dit KKB au poste de ministre de la Réconciliation nationale. On le sait, les deux hommes ne regardent plus dans la même direction depuis la décision du « sphinx de Daoukro » de se porter candidat à l’élection présidentielle de fin octobre 2020 qui a vu la réélection d’Alassane Ouattara. L’ancien député de Port-Bouët qui a la lourde charge de réconcilier les Ivoiriens parviendra-t-il à faire la paix avec le président du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) ?
Bédié et KKB, querelle sans fin ?
Le président du PDCI ne pardonne pas à Kouadio Konan Bertin d’avoir osé le défier lors de la désignation du candidat de son parti politique en prélude de l’élection présidentielle du samedi 31 octobre 2020. En effet, alors que les cadres du Parti démocratique de Côte d’Ivoire s’activaient pour la candidature de leur leader, KKB a pris sur lui la décision de représenter le plus vieux parti politique ivoirien à ce scrutin présidentiel. L’ancien président de la jeunesse du parti fondé par feu Félix Houphouët-Boigny en 1946, avait affiché sa détermination à défier son « père » à la convention de désignation du candidat du PDCI qui s’est tenue en juillet 2020.
Et pourtant, quelques mois en arrière, Kouadio Konan Bertin promettait que si Henri Konan Bédié était candidat, lui ne le serait pas. « Après 74 ans d’existence, le PDCI-RDA ne peut avoir formé qu’un seul cadre capable de gouverner la Côte d’Ivoire. Il me semble que le temps des candidatures uniques, est révolu. Ma candidature a le mérite de nourrir le débat démocratique interne au PDCI-RDA qui, pour moi, doit mériter le nom qu’il porte en donnant l’exemple », avait confié le nouveau ministre de la réconciliation nationale dans les colonnes de Jeune Afrique.
Il avait aussi indiqué que sa candidature n’était pas « une opposition frontale », mais plutôt une « candidature de prudence ». « Vous savez, personne ne prendrait le risque de parcourir une distance aussi longue qu’Abidjan-Korhogo en voiture sans prévoir un pneu de secours. Eh bien, au PDCI-RDA, c’est la même chose, nous ne prendrons pas un tel risque », s’était-il exprimé.
KKB exclu du PDCI encore une fois
Dans sa volonté de briguer la magistrature suprême au nom du PDCI, Kouadio Konan Bertin a été frappé de plein fouet par le conseil de discipline. Après le rejet de son dossier de candidature à la convention de désignation de son parti pour la présidentielle d’octobre 2020, il s’est déclaré candidat indépendant. Estimant que « le comportement de Kouadio Konan Bertin porte gravement atteinte à l’unité du parti et à ses intérêts », le conseil de discipline de l’ordre du Bélier a décidé le vendredi 2 octobre 2020 « l’exclusion temporaire de Kouadio Konan Bertin ».
Surnommé « l’irréductible », KKB avait déjà connu des tensions avec Henri Konan Bédié en 2015, alors que son « père » avait décidé de soutenir la candidature unique d’Alassane Ouattara à la présidentielle, à la suite de l’appel de Daoukro. Là encore, il s’était porté candidat indépendant contre la volonté de sa famille politique et avait été sanctionné.
À quand une rencontre entre Bédié et KKB ?
La nouvelle de la nomination de KKB en tant que ministre de la Réconciliation nationale est tombée le mardi 15 décembre 2020. « Le président de la République a procédé ce mardi 15 décembre 2020 à un réaménagement du gouvernement. Ainsi sont nommés sur proposition du Premier ministre chef du gouvernement, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Vagondo Diomandé, ministre de la Réconciliation nationale, Kouadio Konan Bertin », a annoncé Patrick Achi, le ministre d’État, le secrétaire de la présidence.
Investi de sa nouvelle mission, le candidat malheureux à la présidentielle d’octobre 2020 doit montrer l’exemple en faisant la paix autour de lui. La nouvelle recrue d’Hamed Bakayoko est très attendue sur le dossier de la réconciliation. Mais parviendra-t-il à aplanir les sentiers entre lui et le chef du PDCI ? S’il fait la paix avec Bédié, KKB aura marqué un grand point dans sa quête de réconciliation. Pour cela, il faudra que l’ancien chef d’État accepte de lui pardonner son « audace ».