Le Conseil Nations de Transition (CNT), à peine né, est déjà mort. C’est son président Henri Konan Bédié qui l’a tué en plongeant mains et pieds dans le piège que lui a tendu le Président Alassane Ouattara. Ces erreurs de l’opposition ivoirienne provoquent de fortes interrogations. Faut-il laisser des gens si peu avisés récupérer les commandes de la Côte d’Ivoire ? Patrice Dama s’interroge !
CNT: Henri Konan Bédié you be you
Chers Ivoiriens, allez-vous laisser longtemps encore les politiciens vous amener à l’abattoir ? Sachez que c’est le nombre de morts d’entre vous qui devient la matière première de leur travail. Oui ! les décombres macabres aident à l’aboutissement de leurs combats. Et au final, quand ils sont au pouvoir, ce sont leurs femmes, enfants et proches qui en bénéficient. Pour l’idéal qu’ils vous vendent, Charles Pasqua disait « Les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent ».
Le « Hummm ! » de regrets de mon tonton Dagaud résonne encore dans ma tête. Dans la région de Lakota, il était cadre du RDR avant l’avènement d’Alassane Ouattara au pouvoir. Il était même au Golf Hôtel avec eux pendant les heures chaudes. Il est aujourd’hui livré à lui-même. Ses rares amis pro-Gbagbo qu’il combattait à l’époque lui montrent aujourd’hui l’œil du Président. Vous savez cette photo de Laurent Gbagbo devenue célèbre. On la ressort à chaque fois qu’un politicien se fait embobiner ou que quelqu’un a des regrets.
Le type a pris son argent pour faire campagne de Ouattara. ADO il l’appelait, dans toute la région de Lakota. À l’étape de Niambezaria, il s’est fait prendre par les irréductibles de Gbagbo, lesquels consideraient sa propagande pro-Alassane Ouattara comme de la provocation. Il s’est fait lyncher, il s’est mal fait botter quoi ! avant d’être ligoté. Des jeunes de cette région, surexcités, voulaient le braiser. Il ne sait toujours pas comment il est sorti de là.
Ouattara est depuis devenu Président et tous les amis de mon oncle de cette époque, de simples militants RDR, sont tous devenus de grands quelqu’un. Lui, il n’a rien et est parfois moqué par les pro-Gbagbo qu’il combattait à l’époque. Mais bref, nous allons parler de Bédié et son CNT. Mais juste pour vous dire que vous pouvez donner vos poitrines pour rien. Sinon dites aux politiciens qui vous invitent dans les rues de vous y accompagner. « On va réussir ensemble ou on va mourrir ensemble », c’est pas mieux ? Bon !
Alors, Henri Konan Bédié et sa suite ont lancé le CNT. Avec cette organisation, ils voulaient prendre le pouvoir d’une façon un peu bizarre. Il voulaient faire une transition politique avec un large gouvernement de transition (Bon en Afrique, tous connaissons comment se terminent les gouvernements de transition. Le Président de la transition refuse de partir et tout se djinzin encore).
Les conditions allaient être démocratiques, disent-ils, de la CEI au Conseil Constitutionnel. Et il faut le reconnaitre, le pouvoir Ouattara a eu un peu chaud sur ce coup là. C’est sa propre recette contre Laurent Gbagbo que Petit Soro (Guillaume Soro) et ses camarades du CNT ont failli lui appliquer. Heureusement pour le Président ADO que c’est Bédié qui a été nommé à la tête de ce fameux Conseil National de Transition (de l’appel de Daoukro au RHDP non unifié, le vieux là est parfois fort dans vaurien).
Ouattara a tout de suite compris qu’il devait bien avoir un moyen d’éteindre le feu. Il va pour ce faire s’appuyer sur le tenant de la bûche, un homme (Bédié) qu’il ne connait que très bien. C’est d’ailleurs au vu du tenant de la bûche que Gbagbo a refusé de s’embarquer dans le CNT en pointant une manœuvre en « dehors de tout cadre légal ».
Tchè, Lo vieux veut pas prendre 20 ans de prison pour rajouter sur ceux qui l’attendent à Abidjan. Simone est trop restée seule.
Le travail de sape de l’image de Ouattara effectué avec minutie par Petit Soro, et il faut reconnaitre que l’ancien chef rebelle a brillé sur ce coup là, ne servira finalement à rien. Simplement parce que leur CNT est déjà mort. C’est Bédié qui l’a dja !
La mort du CNT en deux erreurs
Si Ouattara, qui d’habitude très radical dans le discours, s’est ramolli un moment, c’est parce qu’il a lui-même douté face à la cohérence du projet. Une opposition qui parlera d’une voix, un homme prestigieux désigné à sa tête et un Affi N’Guessan extraordinairement devenu brillant dans le discours. Avouons que ça peut faire gnéguer. Il fallait donc annexer cette république de « Cocody ambassades » rapidement. Comment ? En utilisant les ambassadeurs voyons !
Alassane Ouattara a dépêché chez Bédié les ambassadeurs de pays qui commençaient à exiger de lui la trouvaille rapide d’une solution avec l’opposition. Il montre ainsi sa bonne disposition d’esprit à ces derniers qui vont courir pour rapporter la bonne nouvelle à leurs Présidents. Il veut une rencontre directe avec Henri Konan Bédié pour soit-disant poser les bases de négociations futures. Entre temps, des leaders de l’opposition sont en prison, leurs domiciles, celui de Bédié, sont sous blocus. Mais surprise, Bédié accepte l’offre sans condition. Non mais que quoooooooi !!!
Avant de parler avec Ouattara qu’il ne reconnaissait plus comme Président de la Côte d’Ivoire, Henri Konan Bédié aurait du exiger un certain nombre de choses.
1 – La libération sans délais de tous les opposants arrêtés et la levée immédiate du blocus autour de toutes les résidences.
2 – Il aurait du exiger d’être reçu, non pas comme président du PDCI RDA, mais comme celui de le CNT.
Et une fois tout cela fait, place aux négociations. Sinon on n’est pas obligé de négocier hein !
Ouattara sait qu’il a violé la constitution de Côte d’Ivoire avec son histoire de 1er mandat de la 3e république. En l’état, il n’est pas en position de force pour négocier. Dans la constitution ivoirienne, aucune mention n’est faite de l’effacement du passif de l’article 35 à l’avènement d’une nouvelle république. Sauf que Bédié s’est rendu au Golf sans substance. Et Ouattara obtenant ce qu’il voulait comme image à envoyer au monde. Lui le Président de la Côte d’Ivoire a reçu son opposant pour négocier. Et game over.
Alassane Ouattara a déjà tout obtenu de Bédié
Outre le blocus levé sur les résidences après la rencontre, aucun pas significatif n’est fait par le pouvoir en place pour montrer son envie d’apaisement. Les leaders sont toujours en prison, surtout Affi N’Guessan qui a commis le péché d’être le porte-parole du CNT. Est-il de nouveau en train de pomper comme mettait en garde Kobenan Kouassi Adjoumani ? Jusqu’à mardi, personne ne savait où était Affi N’guessan. Ce n’est que le 17 novembre dernier qu’il a rencontré ses avocats. Selon nos informations, il est détenu en isolement à l’école de gendarmerie.
Très franchement, outre l’obtention future de leur libération, je ne vois pas du tout ce que Alassane Ouattara pourrait bien concéder à ses opposants dans les semaines à venir.
Avec des gens qui se font emberlificoter aussi facilement, je ne comprends toujours pas pourquoi les populations vont dans la rue, seules à chaque appel des opposants. Les graves violences survenues à M’Batto font clairement penser que « Quand on t’envoie, il faut savoir t’envoyer toi-même ».