Citoyen ivoirien, Jean-Yves Esso Essis, s’est adressé aux présidents Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, après leur entrevue du mercredi 11 novembre 2020, pour décrisper la situation sociopolitique qui était tendue en Côte d’Ivoire, occasionnée par l’élection présidentielle du 31 octobre. Pour Jean-Yves Essos Essis, il est temps que ces deux hautes personnalités du pays, ainsi que Laurent Gbagbo, se retirent de la scène politique, « pour acquérir la confiance et le respect du peuple. Et surtout lui offrir une paix durable et une reconciliation vraie ». Lisons ensemble la Lettre Ouverte de Jean-Yves Esso Esso, aux présidents Henri Konan BÉDIÉ et Alassane OUATTARA.
Jean-Yves Esso Essis: « Nous ne manifestons pas pour BEDIE, ni pour GBAGBO, ni contre ADO »
Objet : Le sacrifice des titans.
Excellence messieurs les présidents,
Nous vous prions de bien vouloir, avant toutes choses, pardonner la probable impertinence de notre présente démarche et vous demandons, par la même occasion, avec la révérence qui s’impose, votre indulgence à notre égard. Votre rencontre du mercredi 11 novembre 2020 se déroule dans un contexte particulièrement violent et sanglant qui a occasionné près d’une centaine de morts, des milliers de blessés graves, des amputés à vie, des leaders de parti d’opposition et des citoyens emprisonnés, une opposition muselée et une mise en résidence surveillée de certaines très hautes personnalités.
La symbolique de cette rencontre, qui n’a pas eu lieu au Palais Présidentiel mais à l’hôtel du Golf a dressé d’office le tableau de la suite des événements. En effet, en vous rendant tous les deux à l’hôtel du Golf, tout piédestal eventuel s’est vu descendre d’une marche pour se mettre au rang protocolaire de deux ex-chefs d’Etat. Excellence messieurs les présidents, Votre rencontre nous a donné l’impression, de prime abord, d’être une entrevue théâtrale enrobée de méfiance et de suspicion.
Comprenez bien que nous, ivoiriens de tous bords, de tout parti, de toutes régions, de toutes ethnies et de toutes confessions religieuses, defendons notre Constitution et uniquement notre Constitution. Lorsque nous manifestons pacifiquement pour la défendre, nous ne manifestons pas pour BEDIE, ni pour GBAGBO, ni contre ADO. Ceux qui le font n’ont rien compris à cette lutte. C’est la raison pour laquelle, il serait bon pour la Cote d’ivoire d’avoir des institutions fortes qui résistent au temps et aux contorsions en tous genres plutôt que d’avoir uniquement des hommes forts.
Excellence messieurs les présidents, Notre pays a urgemment besoin d’un ensemble institutionnel efficace et pérenne qui puisse équilibrer la vie de la Nation en donnant des droits et des chances à toutes et tous grâce à une justice incorruptible, une administration publique professionnelle, une armée républicaine, une économie solide, un système éducatif exemplaire et un système sanitaire irréprochable. Que la compétition politique dans ce pays puisse se pratiquer de façon démocratique, impartiale, transparente et pacifique. Nous sommes maintenant murs pour cela…
Les victimes décédées de cette crise que nous traversons ne seront pas mortes pour rien. Le respect strict du nombre de mandats limités à deux pour tout président à l’intérieur d’une même république ou à cheval entre 2 républiques doit être un préalable non négociable pour la solidité de notre Loi Fondamentale.
Excellence messieurs les présidents, Ouvrez donc vos coeurs et vos esprits tout en mettant de côté les émotions car une telle négociation a besoin de toutes nos prières et de toute notre lucidité afin que prime l’intérêt Supérieur de la Nation. Et nous pensons, très humblement, que la seule mission valable pour l’intérêt Supérieur de la Nation est ce que nous appelerons, le sacrifice des Titans. Excellence messieurs les présidents, Le sacrifice des Titans pourrait et devrait être votre ultime combat.
La mort de vos nombreux concitoyens tombés ces derniers jours n’aura de sens que si vous-même vous vous offrez en sacrifice. Offrez vous cette opportunité de vous retirer pour acquérir la confiance et le respect du peuple. Et surtout lui offrir une paix durable et une reconciliation vraie. Votre rôle à tous les deux avec le président GBAGBO pourra être de garantir et surtout de protéger la démocratie. Jusqu’à vos derniers jours…
Par cet acte de foi, pouvoir et opposition seraient ramenés dos à dos, par rapport à l’ordre constitutionnel. Ainsi donc, en raison de l’invalidation de cette élection, seraient organisées de nouvelles consultations électorales, et l’opposition pourrait dissoudre son Conseil National de Transition. Tel est notre sentiment qui n’engage que nous, citoyen ivoirien. Veuillez agréer, Excellence messieurs les présidents, nos salutations distinguées et nos sentiments profondément dévoués.
Jean-Yves ESSO ESSIS
Citoyen ivoirien