Lors d’une interview accordée à TV5 Monde, jeudi dernier, Laurent Gbagbo n’est pas passé par quatre chemins pour dire que c’est « la catastrophe » qui guète la Côte d’Ivoire si le Président Ouattara s’obstinait à faire vaille que vaille un 3e mandat.
Laurent Gbagbo : « J’ai été élu en 2000… moins de 2 ans après, une rébellion éclatait »
Après environ dix années de mutisme, Laurent Gbagbo a finalement rompu le silence pour prévenir ses compatriotes du danger qui guète à nouveau la Côte d’Ivoire au cas où les acteurs politiques refusaient d’aller à la discussion et s’entêter à aller « pieds et poings liés à la catastrophe ».
Déplorant le rejet de sa candidature, ainsi que celle de 39 autres postulants, l’ancien président ivoirien s’offusque de la volonté d’Alassane Ouattara, son successeur à la Présidence ivoirienne, à briguer un 3e mandat. Et ce en violation de la Constitution qu’il a lui-même fait adopter.
« Je pense que l’un des problèmes politiques en Afrique, c’est qu’on écrit des textes sans y croire. On écrit dans la Constitution que le nombre de mandats est limité à deux. Pourquoi veut-on faire un troisième mandat ? Il faut qu’on respecte ce qu’on écrit. Il faut qu’on respecte ce qu’on dit », a conseillé. Dans un tel cas de figure, ajoute Gbagbo : « Ce qui nous attend, c’est la catastrophe. C’est pourquoi je dis: « Asseyons-nous pour discuter ». Il y a mieux à faire que ces élections. »
Évoquant sa propre expérience, celui qui a dirigé la Côte d’Ivoire d’octobre 2000 à avril 2011 se veut prévoyant : « J’ai été élu Président de la République le 22 octobre 2000. Le 19 septembre 2002, c’est-à-dire moins de deux ans après après, une rébellion éclatait. » Pour le dénouement de cette crise militaro-politique, le président ivoirien d’alors dit avoir négocié. « Une négociation, elle s’impose quand il y a une crise », a-t-il préconisé.
À noter qu’en 2000, Laurent Gbagbo, élu Président face au général Robert Guéi, reconnaissait qu’il avait été élu dans des « conditions calamiteuses ». Les contestations qui s’en sont suivies, se sont traduites par de multiples tentatives de coups d’État qui se sont finalement mués en rébellion.
Comparaison n’est certes pas raison, mais la tenue de l’élection présidentielle, ce 31 octobre 2020, alors que l’opposition a lancé des mots d’ordre de désobéissance civile et de boycott actif, avec de nombreuses manifestations violentes à travers le pays, constituent une menace certaine sur la paix sociale en Côte d’Ivoire.