Charles Blé Goudé, l’ex-ministre ivoirien de la Jeunesse, invite le président Alassane Ouattara à suspendre sa campagne électorale en cours et à reporter le scrutin présidentiel du 31 octobre 2020.
Blé Goudé à Ouattara: « Vous ne pouvez plus faire semblant de ne pas entendre les cris de certains de vos concitoyens »
La Côte d’Ivoire a replongé dans une nouvelle spirale de violence à quelque 8 jours de la tenue du prochain scrutin présidentiel. Les violences qui émaillent le processus électoral en cours ont déjà fait plus d’une quinzaine de morts, des centaines de blessés et d’importants dégâts matériels. Face à ces tensions qui, au regard du développement de l’ actualité sociopolitique, ne sont pas prêtes de s’arrêter, Charles Blé Goud exhorte le chef de l’ État ivoirien, candidat à sa propre succession, à suspendre sa campagne électorale et à reporter ledit scrutin.
«Monsieur le Président, ce ne sera ni un honneur ni une démonstration de force d’enjamber des corps sans vie et de marcher dans du sang pour vous déclarer vainqueur au lendemain du 31 octobre prochain », a déclaré Charles Blé Goudé, dans une lettre ouverte adressée à Alassane Ouattara. Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’guessan, les deux chefs de file de l’opposition politique ivoirienne, ont lancé depuis le 20 septembre dernier un mot d’ordre de désobéissance civile, dans l’espoir de contraindre le candidat du parti au pouvoir à l’ouverture d’un dialogue inclusif devant déboucher sur la mise en place de conditions garantissant la tenue d’une élection apaisée, crédible, transparente et inclusive.
Ces deux cadres de l’opposition, récusent en effet la composition actuelle de la Commission électorale indépendante (CEI), qu’ils jugent inféodée au pouvoir, et exigent la dissolution du Conseil constitutionnel qui se serait discrédité en invalidant « sans aucun argument juridique crédible » des candidatures de plusieurs ténors de la vie politique, notamment Guillaume Soro, Laurent Gbagbo, Mabri Toikeusse ou encore Marcel Amon Tanoh. La phase pratique du mot d’ordre de désobéissance civile, lancée par l’opposition, est entrée en vigueur depuis le 15 octobre.
Des manifestations de colère ont donné lieu, dans certaines localités du pays, notamment à Bonoua, Abengourou, Dabou et autres, à des affrontements intercommunautaires entre partisans et opposants au troisième mandat de Ouattara. «Monsieur le Président, je trouve indécent, voire méprisant que vous puissiez continuer de faire campagne, de parler d’élections pendant que vos concitoyens s’affrontent et sont arrachés à l’affection des leurs. Jusqu’ici, pas de mots de compassion de votre part. Et pourtant, les images d’êtres humains découpés à l’arme blanche sont atroces, insupportables; elles n’honorent pas la Côte d’Ivoire», interpelle Charles Blé Goudé.
« En votre qualité de premier magistrat du pays, vous êtes le plus informé des citoyens. Vous ne pouvez plus faire semblant de ne pas entendre les cris de certains de vos concitoyens, tout comme il vous est à ce stade des tueries, impossible de feindre de ne pas voir les larmes de familles dévastées. Aucun fauteuil présidentiel ne saurait être au-dessus de la vie humaine. Vous pouvez apaiser cette atmosphère déjà aux odeurs cadavériques, surtout que vous êtes en capacité de la faire », a-t-il poursuivi.