Samedi 10 octobre 2020, Marcel Amon-Tanoh a pris part au meeting organisé par l’opposition ivoirienne au stade Félix Houphouët-Boigny du Plateau pour dénoncer la candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle du 31 octobre. L’ancien ministre des Affaires étrangères a tenu des propos très acerbes contre le chef de l’État. Quelques jours après cette sortie musclée, le fils de Lambert Amon-Tanoh vient de subir un cuisant désaveu de la part du peuple Sanwi.
Amon-Tanoh déchu de ses droits coutumiers
Ancien directeur de cabinet d’Alassane Ouattara, Marcel Amon-Tanoh a officiellement rejoint le camp de l’opposition. Le 19 mars 2020, l’homme de 68 ans annonçait sa démission de la fonction de ministre des Affaires étrangères. C’était la rupture avec le président ivoirien après plusieurs années de collaboration. Visiblement, les deux hommes ne regardaient plus dans la même direction. Dans la foulée, l’ex-ministre ivoirien se déclare candidat à l’élection présidentielle fin juillet.
« La Côte d’Ivoire nous invite à prendre un chemin différent. Je vous invite à prendre ce chemin avec moi. J’ai décidé de me porter candidat à la prochaine présidentielle. Je veux être le trait d’union entre tous les Ivoiriens », s’était-il exprimé au cours d’une conférence de presse. Mais sa candidature a été invalidée par le Conseil constitutionnel.
Très remonté contre Alassane Ouattara, Marcel Amon-Tanoh a plongé dans les bras d’Henri Konan Bédié et de l’opposition. Il était présent au stade Félix Houphouët-Boigny le samedi 10 octobre 2020 à l’occasion du meeting de l’opposition contre un 3e mandat du président ivoirien. Pour lui, le chef de l’État « a peur de la Côte d’Ivoire de la majorité, la Côte d’Ivoire plurielle ». « N’ayez pas peur. Nous sommes prêts à mourir pour notre pays. Nous ne reculerons plus devant rien. Nous sommes debout. Nous en avons marre. Dites-lui de libérer notre pays, de nous le rendre », a ajouté Marcel Amon-Tanoh devant une foule gonflée à bloc.
La communauté villageoise d’Eboué du royaume Sanwi et le collectif des chefs cantons du département d’Aboisso ne sont pas satisfaits de l’attitude de Marcel Amon-Tanoh. Dans un communiqué, ils ont déploré la « déchéance morale dont a fait preuve M. Marcel Amon Tanoh, au travers de propos xénophobes indignes incitant à la haine, à la violence et jetant les prémices d’une potentielle guerre entre ivoiriens et populations vivant en Côte d’Ivoire comme la précédente crise postélectorale de 2010″.
Ils ajoutent qu’à la suite des propos de l’ex-chef de la diplomatie ivoirienne, la décision a été prise « à l’unanimité après consultation des mânes et des ancêtres de la déchéance coutumière, d’appartenance à notre communauté et d’exclusion territoriale de Marcel Amon Tanoh, du village d’Eboué et par ricochet du royaume ».
La communauté villageoise d’Eboué a par ailleurs réaffirmé au président de la République son engagement et son soutien sans faille à sa politique de cohésion nationale et de développement économique dont la région du Sud Comoé est l’un des plus grands bénéficiaires.