Au centre d’une vive polémique, la Miss Côte d’Ivoire 2020, Maryline Kouadio, a reçu le soutien de Pacôme Christian Kipré, un écrivain ivoirien. Dans un message adressé à Victor Yapobi, le président du COMICI (Comité Miss Côte d’Ivoire), l’homme de lettres invite à rehausser le niveau des reines de beauté ivoiriennes.
Un écrivain à Victor Yapobi: « La Miss Côte d’Ivoire 2020 était-elle psychologiquement préparée à un tel tsunami de loups aux dents injuriants en érection? Comment le vit-elle? »
Devant les attaques subies par Maryline Kouadio, la Miss Côte d’Ivoire 2020, Pâcome Christian Kipré, écrivain ivoirien, a laissé un message à Victor Yapobi, le patron du COMICI. Ci-dessous l’intégralité de son adresse :
Grand frère, acteur de la culture, figure importante dans le paysage ivoirien depuis des décennies, je vous salue avec respect
Je viens à vous après les orages, les ouragans et les attaques prises de toutes parts par la jeune Miss Cote d’ivoire cuvée 2020 sur les réseaux sociaux ivoiriens pour vous parler afin que nous aussi, vous nous entendiez et nous tendiez la main.
Il est question de quoi aujourd’hui concernant Miss Côte d’Ivoire? Il est question du niveau des jeunes filles qui représenteraient la nation après avoir été sélectionnées par vos critères et soins.
Autrefois que se passait-il ? Nous avons encore en mémoire ce que les anciennes Miss CI furent. Des têtes déjà bien faites, et qui en plus de leur intellect, bénéficièrent de renforcement avec un encadrement sain. Des acteurs du monde de la culture, de l’histoire, de l’économie et même des chaperonnes éducatrices venues du lycée Sainte Marie étaient disposées pour les jeunes filles.
Grand frère, je vous invite à rehausser le niveau de ce concours et de nous faire éviter ainsi aux jeunes filles fragiles, la furie des internautes. Aujourd’hui et plus que jamais, on ne peut pas occulter le nouvel ordre et l’environnement mondial qui nous entourent. Ils comptent énormément et se placent même désormais comme les premiers « big brother » du célèbre Georges Orwell dans sa magistrale œuvre « 1984 ».
Je vous fais cette proposition grand-frère Yapobi : Créer une école académie Miss Côte d’Ivoire. Dans cette école, les futures candidates viendraient se former sur des modules en Prise de parole en public, Art, histoire, sports, économie, Géographie, culture générale.
Un vrai projet dans lequel émergeraient des filles d’une génération sacrifiée et c’est là où je veux en venir. Notre jeune Miss 2020 pourrait pour nombreux d’entre nous ici, être notre fille et petite-fille. Elle est née en 2002. Elle a 18 ans. C’est donc une enfant née dans les troubles sociopolitique et économique dont les retombées sont en train d’être perçues avec ce genre de tares. Cela fait des années que nous tous nous lamentons parce que le niveau scolaire serait bas. Personne ne connaît le parcours familial et scolaire de cette poupée. Aujourd’hui, même les personnels de maison fuient l’éducation nationale publique pour inscrire leurs enfants au privé.
Je le sais parce que j’ai aidé des servantes dans leurs choix pour l’éducation de leurs enfants. C’est une HONTE pour notre pays aujourd’hui que ce secteur de rang et de premier choix hier, soit relégué à l’arrière-boutique. Alors, PRENONS TOUS ENSEMBLE NOS RESPONSABILITÉS. Nous avons fini de la laminer, de l’invectiver, de la salir, de l’insulter dans son intégrité. Aujourd’hui qu’est-ce qu’on lui propose pour la réhabiliter ? Était-elle psychologiquement préparée à un tel tsunami de loups aux dents injuriants en érection? Comment le vit-elle?
Pour nous autres qui travaillons dans le secteur de l’enfance, jeunesse, enseignement, je peux vous dire que le sacrifice VAIN de cette jeune fille aux Ivoiriens nous turlupine. OUVREZ-VOUS aux anciennes Miss. La mère Marthe Gnakoury, épouse Théo Dossou est encore parmi nous. 1re Miss de ce pays. Les aînées Rose Armande Oula, Marie-Françoise Kouame, Georgette Bailly, Cotoclaud Sidonie, Odile Pépé, Françoise Nahounou demeurent plus belles et ont de quoi à offrir encore. Leurs jeunes louves telles Rami Keita, Laetitia N’cho, qui crevèrent l’écran avec un verbe haut et châtié nous hantent encore positivement l’esprit.
Des égéries telles que Pépita Kragbe, Angèle Zaka, Patricia Wilson, Marie-Catherine Kouassi sont prêtes à donner leur savoir. En France, où vous avez pignon sur rue, Sylvie Tellier, une ancienne Miss France tient les rênes du concours et implique ses anciennes amies des générations passées. C’est ça que nous voulons pour nos filles perdues aujourd’hui. Il faut utiliser les ressources et ne pas nous cantonner sur le « faire pour faire et avancer ». Ça nous brise la face. Ça donne du grain à moudre à ceux qui disent que ce concours est inutile.
On aurait même pu passer l’éponge sur cette cuvée en raison de la crise covid-19 et engager des états généraux pour revisiter ce concours.
Grand frère, la création de cette académie est un vœu et désirs chers à mon cœur. Un peu comme l’école de la seconde chance. Je ne vous demande pas de la construire physiquement. Dans le beau et grand parc immobilier de ce pays, je suis sûr que la ministre de la Culture pourrait regarder et vous mettre à disposition des locaux afin de bosser. Il suffit de présenter comme vous savez le faire, un BEAU PROJET pour la réhabilitation du concours Miss CI.
Il me fallait vous le dire. Je vous sais sympathique. Je me suis autorisé à le faire. Écoutez ma pauvre plume et recevez mes doléances.
Merci
Pacôme Christian Kipré
Écrivain ivoirien