Sale temps pour Guillaume Soro depuis sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Après avoir échappé à une arrestation lors de son retour manqué à Abidjan, le 23 décembre 2019, l’ancien chef rebelle vient d’être inculpé pour plusieurs faits dont une tentative de complot et tentative d’atteinte contre l’autorité de l’État et l’intégrité du territoire national. C’est le procureur de la République, Adou Richard, qui a donné l’information, mardi 06 octobre 2020, lors d’une conférence de presse animée au palais de justice d’Abidjan-Plateau.
De nouvelles charges retenues contre Guillaume Soro et 27 de ses proches
Le jeudi 26 décembre 2019, au cours d’une conférence de presse, le Procureur de la République portait à la connaissance de l’opinion nationale et internationale que les services de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) avaient intercepté un enregistrement sonore faisant état de la mise en œuvre imminente d’un complot contre l’autorité de l’État, orchestré par Monsieur SORO KIGBAFORI GUILLAUME et certains de ses proches.
L’exploitation de cet enregistrement sonore révélait que pour parvenir à ses fins, Monsieur SORO KIGBAFORI GUILLAUME entendait procéder d’abord à une campagne de discrédit du régime en place, avant de créer une insurrection populaire, à la suite de laquelle il s’emparerait du pouvoir par le moyen des armes de guerre. Face à ces faits d’une extrême gravité, et pour la manifestation de la vérité, le Parquet requérait, le 23 décembre 2019, l’ouverture d’une information judiciaire en saisissant le Doyen des Juges d’Instruction pour des faits de :
-Trouble à l’ordre public, diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement et ayant entrainé une atteinte au moral des populations ; -Complot et atteinte contre l’autorité de l’État et l’intégrité du territoire national, tentative de complot et tentative d’atteinte contre l’autorité de l’État et l’intégrité du territoire national.
Les différentes perquisitions ordonnées par le magistrat instructeur ont abouti à la saisie de dix-sept (17) véhicules dont certains ayant servi au transport d’armes et de munitions initialement stockées au siège du Mouvement Générations et Peuples Solidaires, sis à Cocody Riviera-Golf, en direction de la ville balnéaire d’Assinie. Les perquisitions ont aussi permis la découverte dans la lagune bordant une résidence de Monsieur SORO KIGBAFORI GUILLAUME, dans la localité d’Assinie-Mafia, de diverses armes et munitions, notamment : -50 fusils de type Kalachnikov AK-47 ; -12 lance-roquettes RPG ; -04 fusils mitrailleurs FM ; -01 millier de munitions et d’obus correspondant aux armes découvertes.
L’ensemble de ces diligences et investigations menées, a permis l’interpellation, l’interrogatoire et la conduite devant le magistrat instructeur de 47 personnes en lien avec les faits susvisés. Elles ont, par ses soins, été inculpées et placées pour certains, sous mandat de dépôt et pour d’autres, sous contrôle judiciaire, le vendredi 17 avril 2020. Quant à Monsieur SORO KIGBAFORI Guillaume, il n’a pu être interpellé; l’avion le transportant ayant été dérouté vers Accra (Ghana) à sa demande, malgré l’autorisation donnée par l’ANAC d’atterrir à Abidjan.
Il était néanmoins décerné à son encontre un mandat d’arrêt, lequel mandat vaut inculpation. Le Juge d’Instruction a achevé ses investigations et nous a communiqué la procédure, pour prendre nos réquisitions. Cette information judiciaire a clairement démontré l’implication active de certains inculpés dans la commission de faits de nature criminelle, révélé que d’autres inculpés n’avaient commis que des faits délictuels, et a totalement mis hors de cause dix-neuf inculpés.
Ainsi l’information judiciaire a mis en évidence que les personnes ci-après n’étaient nullement impliquées dans la commission des différentes infractions à elles reprochées. Un non-lieu total a donc été requis à leur encontre conformément aux dispositions des articles 209 et 211 du code de procédure pénale.
Ce sont :
KONE SIRIKI, Sergent-chef en service à la Garde Républicaine de Yamoussoukro ; TOURE ALLASSANE, Sergent-chef en service à la Garde Républicaine de Treichville ; FOFANA MAMADOU alias « KATIB », Sergent-chef en service à la Garde Républicaine de Treichville ; FOFANA MOHAMED ALI, Sergent-chef en service à la Garde Républicaine de Treichville ; FOFANA MOHAMED alias « VIP », Sergent-chef en service à la Garde Républicaine de Treichville, chauffeur de Monsieur SORO GUILLAUME ; COULIBALY ARDJOUMA, Sergent-chef en service à la Garde Républicaine de Treichville ; KONE ADAMA, Gardien, Ancien combattant FRCI ; LOGBO GUY ARMAND, Chauffeur ; TIOTE AHOUMA, Garde rapprochée et chauffeur de Madame TAGRO Sylvie, épouse de Monsieur SORO KIGBAFORI GUILLAUME ; SAWADOGO HAMIDOU, Gardien à Assinie-Mafia ; BRAHIMA KONE alias « SIX SECONDES », se disant Tradi-praticien ; KONE SOULEYMANE, Électricien réseau ; MIMI FRANCK ELVIS OMER, Informaticien ; BRAKATOU KOUADIO BLECK, Infirmier diplômé d’Etat ; SORO KELOFOHOUA, Agent de la brigade de salubrité du district autonome d’Abidjan ; TOURE ABOUBACAR, Médecin ; OUATTARA LADJI, Géomètre à SODUREB ; KRAMOH SEYDOU OUATTARA, Équipementier sportif ; TOURE AMARA, Entrepreneur en bâtiment
En revanche, cette information judiciaire a révélé l’implication effective et active des personnes ci-après dans la commission des faits de trouble à l’ordre public, diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement et ayant entrainé une atteinte au moral des populations. Ces faits prévus et punis par les articles 179, 183 et 190 du code pénal étant de nature délictuelle, leur renvoi devant le Tribunal Correctionnel pour y être jugées conformément à la loi, a été requis. Ce sont notamment les nommés :
Messieurs SORO KANIGUI MAMADOU, Député ; MAMADOU DJIBO, Enseignant, Professeur de Philosophie ; TEHFOUR KONE, Conseiller en alphabétisation ; CAMARA LOUKIMANE, Député ; YAO SOUMAILA, Député ; OUATTARA MARC alias « MARC KIDOU OUATTARA », Enseignant professeur de lycée, Inspecteur principal de Physiques-Chimie Président du parti politique Union Des Soroistes (UDS) ; KANDOH SOUMAHORO, Député ; KARIDIOULA SOULEYMANE, Maire de Bassawa. Quant aux nommés : Messieurs SORO KIGBAFORI GUILLAUME, Président du parti politique GPS ; SORO PORLO RIGOBERT, Commissaire de Police en service à l’Hôpital de Police ; Madame AFFOUSSIATA BAMBA LAMINE, Avocate, Ex-Ministre ; LOBOGNON AGNIMA ALAIN, Député, ancien Ministre ; KONE KAMARATE SOULEYMANE alias « SOUL TO SOUL », se disant Diplomate SORO YEDJOSSIGUE SIMON, se disant Paysan ; SEKONGO KOULEYERI FELICIEN, Agent des services financiers ; TRAORE BABOU, Administrateur des Services Financiers ; KASSE KOUAME JEAN BAPTISTE, Commandant de la Gendarmerie Nationale, en service à la Garde Républicaine, Chef de la sécurité rapprochée de Monsieur SORO KIGBAFORI GUILLAUME ; KAMAGATE ADAMA alias « KILLER », Sergent-chef en service à la Garde Républicaine de Treichville ; SILUE NEGUERDJOMON EMMANUEL, Sergent-chef en service à la Garde Républicaine d’Abidjan ; BAMBA SOULEYMANE, Sergent-chef en service à la Garde Républicaine de Treichville ; DOSSO SEYDOU, Sergent-chef en service à la Garde Républicaine de Treichville ; KONE ARDIOUMA, Officier de la Gendarmerie Nationale en service au Groupement des Commandements et des Services ; TRAORE LAMINE alias « LIMA », Sergent-chef en service à la Garde Républicaine de Yamoussoukro ; FOFANA KOUAKOU alias BENITO, Sergent-chef en service à la Garde Républicaine de Treichville ; ZEBRET SOULEYMANE, Administrateur de société, ex-FRCI ; ISSIAKA FOFANA, Administrateur des Services Financiers ; TOURE MOUSSA, Profession inconnue ; SESS SOUKOU MOHAMED, Député de Dabou ;
l’information judiciaire a démontré indubitablement leur participation active dans la commission des faits de : – complot et atteinte contre l’autorité de l’État, diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement et ayant entrainé une atteinte au moral des populations et trouble à l’ordre public ; – tentative de complot et tentative d’atteinte contre l’autorité de l’État et l’intégrité du territoire national, pour certains.
Ces faits étant de nature criminelle, nous avons requis, conformément aux dispositions des articles 210 et 215 du code de procédure pénale, la transmission à Monsieur le Procureur Général près la Cour d’Appel d’Abidjan, du dossier de la procédure et un état des pièces servant à conviction, aux fins de saisine de la Chambre d’Instruction.
Fait à Abidjan le 6 octobre 2020
Le Procureur de la République