Alassane Ouattara n’est visiblement pas prêt à succomber à une quelconque pression, qu’elle soit interne ou extérieure. Encore moins les ordonnances de la Cour africaine appelant les autorités ivoiriennes à rendre éligibles Laurent Gbagbo et Guillaume Soro.
Alassane Ouattara à la CADHP : « Nous ne les appliquerons pas »
La tension politique est à son comble en Côte d’Ivoire à l’orée de l’élection présidentielle de 2020. Sur les 44 dossiers de candidature à lui transmis par la Commission électorale indépendante (CEI), le Conseil constitutionnel n’en a validé que 4.
Il s’agit notamment de ceux d’Alassane Ouattara (RHDP), d’Henri Konan Bédié (PDCI), de Pascal Affi N’Guessan (FPI) et de Kouadio Konan Bertin (Indépendant). L’opposition ivoirienne, tout en appelant à la validation des candidatures, appelle par ailleurs le président Ouattara à se retirer de la course pour un 3e mandat.
C’est dans cette atmosphère que la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), à travers deux ordonnances rendues coup sur coup, appelle l’État défendeur, la Côte d’Ivoire en l’occurrence, de surseoir à l’application des peines prononcées par la justice ivoirienne contre Guillaume Soro et Laurent Gbagbo, et à les réintégrer sur la liste électorale ainsi que dans la course à la Magistrature suprême.
En visite d’État dans la région de la Marahoué, Alassane Ouattara a tenu à répondre à cette injonction de la Cour d’Arusha par une fin de non-recevoir. En meeting de clôture à Bouaflé, le samedi 26 septembre, le Président de la République s’est voulu catégorique : « Ce sont des décisions qui sont nulles et de nul effet. Nous ne les appliquerons pas et nous n’avons pas l’intention de les appliquer. »
Tirant motif de ce que la Côte d’Ivoire est un État souverain, le Président Ouattara fait remarquer que près de la moitié des pays membres de la Cour africaine, ont retiré la compétence à ladite Cour. Il convient donc d’en tirer toutes les conséquences afin d’arrêter la saignée.
Notons que la Côte d’Ivoire s’est retirée de la Cour africaine en avril dernier. Eu égard à la pratique en la matière, ce retrait ne sera effectif qu’un an après, c’est-à-dire en avril 2021. Mais pendant ce temps, toutes les décisions prises par la Cour demeurent applicables par Abidjan.