Dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique, Hamed Bakayoko n’a pas du tout été tendre envers Henri Konan Bédié. Le Premier ministre ivoirien a tiré à boulets rouges sur le candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Le député de Séguéla a soutenu que l’ancien président ne représente aucun danger pour le champion du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Mais il y a peu, le maire de la commune d’Abobo ne tarissait pas d’éloges envers le « sphinx de Daoukro.
Quand Hamed Bakayoko encensait Henri Konan Bédié
Henri Konan Bédié est candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020. L’homme qui dirige le Parti démocratique de Côte d’Ivoire d’une main de fer depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny en 1993, rêve de s’installer de nouveau au Palais présidentiel, après avoir été chassé par un coup d’État le 24 décembre 1999. À 86 ans, le natif de Daoukro s’est donc lancé dans un ultime combat dans lequel il doit affronter son ancien allié d’hier, Alassane Ouattara. Mais pour Hamed Bakayoko, il n’y a aucune chance qu’Henri Konan Bédié remporte le scrutin.
Il l’a exprimé dans les colonnes de Jeune Afrique. « Le président Bédié n’a jamais connu la compétition alors qu’Alassane Ouattara s’est battu toute sa vie : d’abord pour être candidat, puis pour arracher la victoire à Laurent Gbagbo. Ensuite, il a un bilan, il a géré ce pays et lui a fait connaitre une vraie transformation », a soufflé le chef du gouvernement. Hambak a tenu à faire savoir au patron du PDCI que « la revanche n’est pas un projet de société ».
Un tour dans le passé montre qu’Hamed Bakayoko a oublié les belles paroles qu’il a prononcées le 27 mars 2015 au stade Samba Ambroise de Dimbokro en hommage à « N’zuéba ». « J’ai, dans ma jeune carrière politique, trop de regrets. Je regrette d’avoir découvert, connu le grand Bédié que maintenant (…) J’en veux à toute cette génération, nos devanciers, qui n’ont pas su nous dire qui est Henri Konan Bédié. Monsieur le Président, vous êtes un grand homme, vous êtes un homme de paix, vous avez tout donné à la Côte d’Ivoire. Et vous êtes unique à la Côte d’Ivoire », a lancé le remplaçant d’Amadou Gon Coulibaly à la tête de la Primature. À cette époque, Alassane Ouattara et son « frère » ainé filaient le grand amour à travers l’appel de Daoukro.
Hamed Bakayoko ne s’est pas arrêté là dans sa « louange » à Bédié. « Vous avez connu la gloire des hommes, l’hommage des hommes. Vous avez connu les invectives, le lâchage et même le lynchage des hommes. Aujourd’hui, vous êtes là toujours imperturbable, serein comme le Christ ressuscité. D’où vous vient cette force qui doit nous inspirer ? D’où vous vient cette énergie intérieure qui vous donne tant de sérénité ? Vous parlez peu, mais vous dites tout. Parce que pour peu de paroles que vous prononcez, pour ceux qui savent écouter, vous dites tout », a-t-il continué. On le voit, ce temps où Bédié était « grand » est bien loin.