C’est un Alassane Ouattara très remonté qui a évoqué l’exil doré de Guillaume Soro à Paris. Dans son interview accordée à Paris Match, le président ivoirien appelle les autorités françaises à s’intéresser de près au cas de l’ancien chef rebelle.
Guillaume Soro, ses jours à Paris sont-ils comptés ?
23 décembre 2019, Guillaume Soro rebrousse chemin vers Paris après son retour manqué à Abidjan. Visé par un mandat d’arrêt international pour tentative de déstabilisation, puis condamné à 20 ans d’emprisonnement dans une autre affaire de recel et détournement de deniers publics, l’ancien Président de l’Assemblée nationale ivoirienne ne démord pour autant pas. Retranché dans l’Hexagone, le président de Générations et peuples solidaires (GPS) poursuit tranquillement ses activités politiques à travers des cruschs party, conférences de presse et autres rencontres avec des personnalités européennes.
Alassane Ouattara s’interroge cependant sur l’origine des fonds que son ancien Premier ministre utilise pour financer toutes ses activités. « Je pense que ce jeune homme, enivré par l’argent et le pouvoir, a simplement perdu la tête », a-t-il noté d’entrée lors de son entretien avec le confrère, avant d’ajouter : « Depuis un an, alors qu’il ne travaille pas, il mène la grande vie à Paris, reçoit dans des restaurants de luxe et tient des conférences de presse dans des palaces. Comment peut-il avoir ce train de vie ? D’où sort cet argent ? »
Le chef de l’État ivoirien fait par ailleurs remarquer que son ancien numéro deux ne dispose que d’« un visa de tourisme », et pourtant, il ne s’impose aucune réserve quand il s’agit d’attaquer le pouvoir d’Abidjan. Allant jusqu’à pointer la responsabilité du Président Ouattara dans la rébellion ivoirienne, au point d’exiger de lui une certaine dette.
Face à toutes ces sorties, qui sont de nature à écorner l’image du régime d’Abidjan au bord de la Seine, le Président ivoirien a conseillé à son ancien filleul de « respecter le devoir de réserve » qui sied à son statut. Puis, ADO lance cet appel direct au Président Emmanuel Macron et les autorités de son pays : « Les autorités françaises devraient s’en préoccuper. »
Notons que Soro Kigbafori Guillaume s’est porté candidat à l’élection présidentielle de 2020. Mais, son dossier a été rejeté par le Conseil constitutionnel. La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) vient cependant d’ordonner aux autorités ivoiriennes de surseoir à toutes poursuites contre lui, et à le rétablir en tant que candidat au scrutin présidentiel du 31 octobre 2020.