Noba Thomas et son parti la Nouvelle Convergence citoyenne (NCC) sont favorables à un report du scrutin présidentiel du 31 octobre 2020. Dans l’interview ci-dessous, l’opposant donne les raisons qui motivent cette position.
Noba Thomas: »On ne peut pas demander à un peuple de s’exprimer démocratiquement dans une atmosphère de peur »
Le 26 août dernier vous et votre parti, la NCC, aviez contre toute attente annoncé votre décision de vous retirer de la Course à la succession du président Ouattara. Qu’est-ce qui a motivé cette décision de dernière minute?
Nous avions décrié dès les premiers instants que les mêmes causes produisaient inexorablement les mêmes effets. Les germes de la guerre ont été mise en terre par ces politiciens, alliés hier et ennemis aujourd’hui. Au regard de tous les éléments factuels en notre disposition, nous avons opté pour le report du scrutin du 31 octobre. On ne peut pas demander à un peuple de s’exprimer démocratiquement dans une atmosphère de peur. Nous exhortons tous les ivoiriens épris de paix et qui luttent pour l’instauration d’un état de droit à se joindre à cette démarche afin de préserver le peu de dignité qui nous reste.
Le Conseil constitutionnel a rendu publique la liste des candidats retenus à cette élection avec l’invalidation des candidatures de grands noms de la vie politique ivoirienne, notamment Laurent Gabgbo, Guillaume Soro, Mabri, Mamkoul, Amon Tanoh et autres. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Ce sont les scénarios à répétition qui causent du tort à notre pays ! Souvenez vous de la présidentielle d’octobre 1995 et des crises qui s’en sont succédées. Depuis le lancement de notre parti la NCC en 2018, nous ne cessons de réclamer une nouvelle Côte d’Ivoire, nous avons toujours appelé à un renouvellement Politique, à faire la politique avec élégance, » la politique autrement en Côte d’Ivoire ». Même si aujourd’hui tous ces termes sont repris par des mouvements et partis politiques, nous nous réjouissons du fait qu’aujourd’hui, les Ivoiriens ont compris ce message et sont aussi épuisés de cette vielle politique qui nous transporte d’une crise à une autre. Nous n’avons jamais cessé de dénoncer ces alliances contrenatures et d’alerter sur les risques de division qu’elles faisaient encourir à la Côte d’Ivoire. Il ne faut pas décrier la non-conformité d’une institution (CEI et Constitution) et par la suite la valoriser ! Certains diront que c’est une stratégie politique! Mais durant dix ans, d’autres ont suivi cette stratégie qui depuis lors n’a aucune issue. Cette constitution avait été concoctée dans les officines obscures à la mesure des bénéficiaires sans qu’une fois de plus le peuple ivoirien ne manifeste sa souveraineté en y étant associé.
L’opposition reste malgré tout droite dans ses bottes, elle exige notamment la réforme de la CEI, la dissolution du Conseil Constitutionnel, et le retrait de la candidature du président Ouattara qu’elle juge « illégale ». La NCC et son président Noba Thomas se reconnaissent-ils dans ces revendications?
Ces revendications, si vous nous suiviez très bien, depuis le mois d’août étaient les nôtres, puisque toutes les conditions n’étaient réunies, nous avons choisi de ne pas y participer. Les appels à manifester contre la candidature du président Ouattara lancés par une partie de l’opposition ont causé d’énormes dégâts ! Beaucoup de jeunes, d’innocentes victimes, sont morts ou emprisonnés dans ce désordre. À qui cela profite-il ?
Et que propose la NCC pour l’organisation d’un scrutin apaisé, crédible et transparent ?
Il faut souvent être responsable et voir la réalité que vivent les Ivoiriens avant de creuser prématurément leurs tombeaux. Sur ce fait, nous avons interpellé le premier ministre Hamed Bakayoko, parce qu’il fait partie de notre génération. Pour la paix en Côte d’Ivoire et l’organisation d’élections crédibles et apaisées, la sagesse recommande un report du scrutin du 31 octobre 2020, la mise en place d’une CEI réellement consensuelle, mais également un renouvellement de la classe politique.